Le juge qui préside la Commission de vérité et de réconciliation du Canada affirme que les pensionnats autochtones fédéraux, où on séjourné plus de 100 000 enfants des Premières Nations, ont constitué une forme de génocide.

Le commissaire Murray Sinclair a précisé que la définition de génocide des Nations unies comprend le fait de retirer les enfants de leur milieu en raison de leur origine raciale pour les placer dans un autre milieu afin de les endoctriner.

Il a ajouté que le Canada a fait en sorte que les pensionnats ne répondent pas tout à fait à la définition de l'ONU sur les génocides, afin de pouvoir continuer à séparer des milliers d'enfants des Premières Nations de leurs parents.

«C'est pourquoi le ministre des Affaires indiennes peut dire qu'il ne s'agissait pas d'un génocide», a déclaré M. Sinclair lors d'un allocution prononcée devant des étudiants de l'Université du Manitoba, à Winnipeg.

«Mais la réalité, c'est que de retirer un enfant de son milieu et le placer dans un autre groupe social afin de l'endoctriner était - et est - un acte de génocide qui s'est produit partout dans le monde.»

Au cours du siècle dernier, environ 150 000 enfants autochtones, inuits et métis ont été forcé de fréquenter les pensionnats gouvernementaux. Le dernier pensionnat a été fermé à en 1996, à Regina en Saskatchewan.

La Commission de vérité et de réconciliation, dotée d'un budget de 60 millions $, a été créée dans le cadre d'une entente entre le gouvernement fédéral, la Couronne et les survivants des pensionnats.

Jusqu'à présent, la commission a visité quelque 500 communautés et recueilli des témoignages faisant état de sévices sexuels et physiques. M. Sinclair a précisé que la commission a reçu 25 000 déclarations de survivants des pensionnats autochtones, et a entendu une centaine de personnes qui y ont travaillé.

Il ajouté que les pensionnats ont laissé des traces indélébiles sur la société canadienne. Les membres de la commission ont notamment entendu des témoignages relatant que plusieurs personnes abusées ont elles-mêmes développé des comportements abusifs.

M. Sinclair a affirmé que la plupart des anciens employés étaient aussi des victimes parce qu'ils avaient vécu de la honte et de la culpabilité.

«Certains professeurs sont venus nous raconter comme ils ont tellement détesté leur expérience dans les pensionnats qu'ils en sont rapidement partis», a dit M. Sinclair. «Ils n'ont jamais inscrit cette expérience dans leur curriculum et ont caché ce fait à tout le monde, même à leur famille.»

La commission devrait bientôt publier un rapport provisoire sur les témoignages recueillis jusqu'à présent.

M. Sinclair a précisé qu'il existe entre 200 et 300 millions de documents gouvernementaux sur les pensionnats, ainsi que 20 millions de photographies. Selon lui, le mandat de la commission, qui est à mi-chemin, devra être prolongé.