Les travailleurs migrants sont victimes de discrimination, constate la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).

Dans un avis rendu public lundi, l'organisme affirme que les aides familiales résidantes, les travailleurs agricoles saisonniers et les autres travailleurs étrangers temporaires sont dans une situation de très grande vulnérabilité.

Ces travailleurs sont victimes de discrimination en raison de leur origine ethnique ou nationale, de leur race, de leur condition sociale, de leur langue et, dans le cas des aides familiales résidantes, de leur sexe.

Selon l'organisme, la vulnérabilité dans laquelle se retrouvent ces travailleurs migrants nuit aux conditions de travail de l'ensemble des travailleurs qui oeuvrent dans ces secteurs.

Le président de la CDPDJ, Gaétan Cousineau, explique que les programmes gouvernementaux grâce auxquels les travailleurs migrants peuvent venir au pays créent les conditions pour que leurs droits ne soient pas respectés et fait en sorte qu'ils ne peuvent se sortir d'une situation difficile.

Les travailleurs viennent au pays en vertu d'un contrat les liant à un employeur. Si les choses tournent mal et que le lien avec l'employeur est brisé, ils n'ont d'autres choix que de plier bagages, raconte M. Cousineau. Plusieurs employés vont donc choisir d'endurer certaines situations où leurs droits ne sont pas respectés.

«Ces programmes amènent toutes sortes de limites au respect de leurs droits fondamentaux, l'un étant très important, celui du choix de leur résidence ou de leur employeur», constate M. Cousineau.

La Commission des droits de la personne croit que le gouvernement du Québec devrait mettre en place un programme d'immigration permanente plutôt que temporaire et ainsi limiter le recours aux travailleurs migrants.

«On demande au gouvernement de s'assurer que ces employés aient accès à un emploi sectoriel plutôt qu'à un employeur - ce serait une autre façon de faire - ou d'éliminer les obligations de résidence. Tout ça pour éviter des abus ou des droits limités pour les employés», affirme le président de la DCPDJ.

«Ces gens-là viennent pour plusieurs mois de l'année, ensuite on les renvoie et ils reviennent. Est-ce qu'on pourrait trouver un moyen de leur donner un lien plus permanent favorisant leur entrée? À ce moment-là, ils pourraient amener leurs familles, leurs enfants, avoir accès à l'apprentissage de la langue française et bénéficier de toutes les lois dont ils sont exclus», se demande M. Cousineau.

En 2010, le Québec a accueilli près de 7 000 travailleurs migrants peu spécialisés, dont la plupart étaient originaires du Guatemala, du Mexique et des Antilles. Ils ont été employés principalement dans le secteur agricole.

De ce nombre, environ 400 aides familiales résidantes, en majorité originaires des Philippines, travaillaient dans des familles québécoises comme gardiennes d'enfant ou aides domestiques.

La Commission constate que les travailleurs migrants n'ont pas droit, notamment, à l'aide juridique, à l'aide sociale, à l'instruction publique et aux programmes de soutien à l'intégration des immigrants.

Ils sont aussi exclus de certaines dispositions du Code de travail, de la Loi sur les normes du travail, de la Loi sur la santé et la sécurité du travail et de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles.

«Ce sont pourtant des personnes qui bénéficient de la protection de la Charte des droits et libertés de la personne au même titre que les résidants permanents ou les citoyens, a déclaré dans un communiqué le président de la CDPDJ, Gaétan Cousineau. Elles font partie du tissu social et contribuent à la vie économique du Québec.»

La ministre de l'Immigration Kathleen Weil étudie l'avis de la CDPDJ et réserve ses commentaires pour plus tard, a indiqué sa porte-parole.

«La question des travailleurs peu qualifiés a toujours été un dossier très important pour le ministère et pour la ministre et c'est pour ça qu'on veut prendre le temps de bien analyser le rapport avant de le commenter», a dit Yasmine Abdelfadel.