Le gouvernement Harper a annoncé jeudi la fermeture de deux prisons fédérales, dont l'établissement carcéral Leclerc à Laval.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a confirmé que cette prison à sécurité moyenne va fermer ses portes d'ici deux ans. Les quelque 400 détenus qui se trouvent derrière ses barreaux seront transférés vers d'autres établissements fédéraux, principalement au Québec.

La prison Leclerc a hébergé des prisonniers célèbres au fil des ans. On y a enfermé le bras droit de Vito Rizutto, Raynald Desjardins, et plusieurs membres des Hell's Angels et des gangs de rue.

Le gouvernement ferme aussi la prison de Kingston, en Ontario, un établissement à sécurité maximale où sont enfermés 400 détenus. On y trouve certains des criminels les plus notoires au Canada, notamment le violeur et meurtrier Paul Bernardo, l'ex-officier Russell Williams, ainsi que Mohammed et Hamed Shafia.

Cet établissement comprend une aile psychiatrique, le Centre régional de traitement, où sont enfermées 150 personnes.

Le gouvernement Harper a annoncé d'importantes compressions dans son dernier budget. Les Services correctionnels du Canada, qui administrent les prisons fédérales, doivent à eux seuls sabrer 295 millions à leur budget. Cette mesure permettra d'économiser 120 millions.

«La majorité du personnel de ces établissements pourra être transférée près de Kingston et de Laval sans déménager, a  indiqué le ministre Toews. Les cellules dans les autres établissements vont accueillir les détenus de ces institutions.»

M. Toews souligne que les deux établissements sont vétustes. Celui de Kingston a d'ailleurs été bâti en 1835, plus de trente ans avant la Confédération.

Le transfert des détenus devrait se dérouler sans anicroche, dit-il, car la population carcérale au pays est inférieure aux projections du gouvernement. Des travaux sont en cours pour augmenter la capacité des autres établissements fédéraux.

Le syndicat inquiet

Mais le syndicat des agents correctionnels est sceptique. Il craint que le déménagement des détenus génère de la violence dans les autres pénitenciers.

«Leclerc a toujours été reconnu pour être un endroit où il y avait plusieurs membres du crime organisé, a dit Pierre Malette, du Syndicat des agents correctionnels (CSN). L'impact de transférer des gens qui ont un dossier lourd et qui ont une influence importante sur les détenus, ça a un impact.»

Le Nouveau Parti démocratique s'explique mal que le gouvernement Harper ferme deux prisons quelques mois à peine après qu'il eut adopté dans la controverse le projet de loi C-10 sur la justice criminelle. La critique néo-démocrate en matière de Justice, Françoise Boivin, souligne que cette nouvelle loi doit justement provoquer un afflux de nouveaux prisonniers dans le réseau carcéral.

«Ça sent tellement mauvais d'improvisation que c'en est ridicule pour un gouvernement qui se prétend le gouvernement de la loi et de l'ordre, a-t-elle dénoncé. Moi, ça me fout la trouille.»

Le Parti libéral s'est pour sa part montré préoccupé par le transfert de centaines de contrevenants détenus à Kingston et à Laval. Il craint que la mesure ne mène à la multiplication de cas d'occupation double, ce qui menace la sécurité des agents correctionnels.