Il n'y aura pas d'élections fédérales précipitées, du moins pas maintenant. Contrairement au NPD et au Bloc québécois, le Parti libéral a annoncé hier après-midi qu'il voterait en faveur du discours du Trône.

Pendant ce temps, au Québec, les chefs des partis en campagne électorale ont dénoncé ce qu'ils perçoivent comme une marginalisation de la province dans certaines mesures envisagées par le premier ministre Stephen Harper. Ils critiquenr notamment sa volonté de changer le rapport de force à la Chambre des communes en donnant plus de députés à l'Ontario, à l'Alberta et à la Colombie-Britannique, ainsi que son projet de réforme du Sénat visant à limiter le mandat des sénateurs à huit ans et à consulter la population avant de les nommer.

«Pendant que M. Charest a persisté à dire que le fruit n'est pas mûr, il y a un agenda de changement qui s'est installé au Canada, sans le Québec», a lancé le chef de l'ADQ, Mario Dumont, en parlant de la réticence du chef du Parti libéral du Québec à se lancer dans des négociations constitutionnelles avec le reste du pays.

«Il nous marginalise dans les propositions qui sont déposées. Le Québec peut faire, doit faire la bataille», a pour sa part réagi la leader du Parti québécois, Pauline Marois.

Jean Charest a rappelé qu'il s'était opposé à la création d'une commission des valeurs mobilières commune à toutes les provinces, une proposition contenue dans le discours. «Ce n'est pas plus acceptable aujourd'hui qu'au moment où je me suis prononcé au nom de tous les Québécois (pendant la campagne fédérale)», a-t-il dit hier.

Le chef du Parti libéral du Québec a aussi dénoncé, en soirée, le double discours à l'égard du Québec. « Toute réforme de la Chambre des communes ou du Sénat doit se faire avec le Québec. Ça ne peut pas se faire sans nous. Si le gouvernement fédéral parle en même temps de fédéralisme d'ouverture, il doit être conséquent et travailler avec nous «, a dit M. Charest.

Or, Christian Paradis, nouveau lieutenant du Québec de Stephen Harper, a été catégorique: pas question de forcer le Québec à adhérer à une telle structure s'il ne le souhaite pas. «Il n'y a rien qui sera imposé à aucune province d'aucune manière que ce soit», a-t-il affirmé.

Quant à la possibilité que le poids relatif du Québec diminue à la Chambre des communes en donnant plus de sièges à d'autres provinces, «il faut être démocrate», a lancé le ministre des Travaux publics de 34 ans. «Présentement, ce qui est important, c'est qu'on a 75 sièges qui sont garantis», a-t-il noté, ajoutant que la population d'autres provinces avait augmenté. «À ce niveau-là, c'est juste, a-t-il conclu. Si le Québec veut avoir plus de sièges, il peut faire plus d'enfants. Moi j'en ai trois déjà!»

Pas assez pour l'économie

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'a évidemment pas vu les choses du même oeil. Selon lui, Stephen Harper persiste à vouloir réduire le poids politique du Québec, ce qui prouve qu'il n'a toujours rien compris aux priorités et aux valeurs des Québécois. Au chapitre de l'économie, a-t-il noté, le discours est truffé de vagues intentions et laisse plusieurs électeurs en plan, dont les travailleurs du secteur manufacturier.

Les libéraux fédéraux ont eux aussi relevé plusieurs problèmes dans le discours, mais il serait selon eux irresponsable de plonger le pays dans des nouvelles élections. «M. Harper n'a pas dit la vérité sur le déficit durant l'élection, il ne dit pas la vérité dans ce discours du Trône sur les causes du déficit, a indiqué leur chef, Stéphane Dion. Mais maintenant, ce qu'il faut faire, c'est aider les Canadiens à faire face aux temps économiques difficiles.»

«Les actions efficaces ne sont pas là. C'est vraiment un discours qui indique que le gouvernement ne comprend pas que l'on doit changer la direction pour l'économie.» a quant à lui expliqué le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton.

Avec la collaboration de Malorie Beauchemin, Tommy Chouinard et Martin Croteau