Le premier ministre Stephen Harper a la ferme intention de combler les nombreuses vacances au Sénat d'ici Noël, a appris La Presse hier soir. En tout, il y a 18 sièges vacants au Sénat à l'heure actuelle, dont quatre au Québec.

Depuis son arrivée au pouvoir, en février 2006, M. Harper n'a nommé que deux sénateurs. Il a nommé Michael Fortier au Sénat en 2006 et ministre des Travaux publics pour qu'il représente la région de Montréal au cabinet, les conservateurs n'ayant pas fait élire de député dans la métropole en 2006. M. Fortier a démissionné de son poste de sénateur pour briguer les suffrages au dernier scrutin, mais n'a pu se faire élire.

Ensuite, M. Harper a nommé Bert Brown, qui avait été élu en Alberta en même temps que les élections provinciales en 2004. Le premier ministre s'était engagé à ne pas nommer de sénateur aussi longtemps qu'il ne serait pas élu par la population.

Le gouvernement Harper a même déposé deux projets de loi, l'un limitant à huit ans le mandat des sénateurs et l'autre proposant d'organiser des élections pour élire les sénateurs. Ces deux projets de loi sont contestés par certaines provinces, dont le Québec.

Mais depuis sa réélection, M. Harper a envoyé plusieurs signaux selon lesquels il avait l'intention de combler les vacances d'autant que celles-ci risquaient d'empêcher le bon fonctionnement du Sénat.

«Le gouvernement qui a été légitimement élu par la population canadienne a l'intention de nommer des sénateurs d'ici le temps des Fêtes pour combler les vacances au Sénat avec des partisans du gouvernement», a confirmé à La Presse hier soir un proche collaborateur de Stephen Harper sous le couvert de l'anonymat.

Cette décision de nommer rapidement de nouveaux sénateurs intervient quelques jours après que les membres de la coalition formée par le Parti libéral du Canada et le NPD, et soutenue par le Bloc québécois, eurent évoqué l'idée de combler les nombreuses vacances à la Chambre haute par des individus appuyant les partis de la coalition. Des rumeurs ont même circulé que des membres du Bloc québécois pourraient être nommés au Sénat.

L'ancien chef du Parti libéral, Stéphane Dion, qui était alors le leader de la nouvelle coalition, avait même indiqué avoir discuté de la possibilité de nommer la chef du Parti vert, Elizabeth May, au Sénat pour qu'elle puisse faire éventuellement partie d'un cabinet de coalition.

De toute évidence, les stratèges conservateurs préfèrent combler les vacances actuelles par des conservateurs avant que les trois partis de l'opposition aient l'occasion de renverser le gouvernement minoritaire de Stephen Harper lors d'un vote de confiance aux Communes sur le budget à la fin janvier ou au début février.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, déposera son prochain budget le 27 janvier. Le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois ont d'ores et déjà promis de voter contre ce budget s'il ne contient pas de mesures suffisantes pour relancer l'économie canadienne, déjà en récession selon la Banque du Canada.

Si le gouvernement Harper perd le vote de confiance sur le budget, la gouverneure générale Michaëlle Jean pourra alors déclencher des élections générales ou encore demander à la coalition dirigée par le Parti libéral de former un nouveau gouvernement.