La gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean estime que les efforts menés en Haïti pour remettre en état les tristement célèbres bidonvilles du pays sont un exemple à suivre pour le Canada, qui compte ses propres communautés en difficulté, que ce soit parmi les Inuits du Grand nord ou les gangs de rue des grandes villes.

Michaëlle Jean s'est promenée dans les rues de Port-au-Prince, samedi, une activité qui lui était encore interdite parce que jugée trop dangereuse, il y a deux ans, lors de sa première visite officielle dans son pays natal des Caraïbes depuis sa nomination au titre de gouverneure générale, en 2005.

Même la police haïtienne ne s'aventurait pas, jusqu'à tout récemment, dans les bidonvilles du secteur de Bel Air. Cette région surpeuplée d'Haïti, qui compte parmi les plus pauvres du pays, a été le théâtre des émeutes politiques mortelles qui ont déchiré le pays, en 2004.

La gouverneure générale a donc pu circuler dans les rues du quartier, entourée d'un imposant service de sécurité, mais aussi de percussionnistes, de danseurs et de centaines de piétons qui l'ont applaudie.

La population locale a souligné que la violence et la pauvreté étaient toujours bien présents dans ce quartier qui rassemble 90 000 personnes. Mais les résidants s'y sentent aujourd'hui beaucoup plus en sécurité.

Les kidnappings ont maintenant cessé, les gangs rivaux ont déposé les armes en vertu d'un nouveau programme gouvernemental et la police patrouille de nouveau ces rues où régnait autrefois le chaos.

La majorité du travail de réhabilitation est d'ailleurs menée par une organisation non-gouvernementale brésilienne, nommée Viva Rio, dont plus de 5 millions $ du financement provient du Canada.

Outre la formation policière, l'argent canadien finance également des bourses d'études scolaires, la distribution d'eau et des programmes culturels qui offrent notamment des cours de capoeira, une forme d'art martial brésilien qui allie danse et combat.

Mme Jean a affirmé qu'il y avait des leçons à tirer pour les Canadiens des réussites en Haïti, puisque le Canada lutte lui aussi contre la violence criminelle dans certains quartiers de villes comme Montréal, Toronto, Québec, Winnipeg, Vancouver, ou encore dans le Grand Nord.

Elle a indiqué que les jeunes gens de partout dans le monde avaient besoin d'exutoires créatifs, de pouvoir espérer de meilleures conditions de vie et d'être optimistes face à leur propre avenir.

La gouverneure générale a par ailleurs assisté à une séance d'information sur les travaux de développement menés dans le quartier. La réunion réunissait des représentants de la communauté, la police haïtienne et des Casques bleus des Nations Unies.

Mme Jean, qui terminera dimanche sa visite officielle de quatre jours, a également visité une école financée par le Canada et dirigée par des religieuses.