Les députés libéraux du Québec à la Chambre des communes n'ont pas l'intention d'emboîter le pas à leurs collègues de Terre-Neuve-et-Labrador en votant contre un budget qui déplaît au premier ministre de leur province.

Au moins quatre députés terre-neuviens entendent faire fi de la ligne de parti qui les unit et voter contre le budget conservateur, qui, selon eux, fera mal à leur province en la privant de 1,6 milliard $. La nouvelle formule de péréquation, avancée par le ministre des Finances Jim Flaherty, leur est restée en travers de la gorge.

Confronté à cette première division depuis qu'il est à la tête du Parti libéral du Canada (PLC), Michael Ignatieff a tenté de calmer le jeu lundi en demandant à Stephen Harper de reporter à plus tard les changements dans le calcul de péréquation qui hérissent tant ses députés.

«Je lui proposé d'introduire une pause dans l'application de ce changement de réglementation, et il a dit non», a indiqué M. Ignatieff en point de presse en début de soirée.

Devant ce refus, le chef libéral a ajouté qu'il allait accueillir son caucus terre-neuvien pour le souper, chez-lui, dans sa résidence officielle, histoire de discuter de la question.

«Nous allons avoir un bon repas, un verre de vin, et nous allons décider ce que nous allons faire ensuite», a-t-il expliqué.

Les quatre députés de Terre-Neuve-et-Labrador ont fait savoir plus tôt qu'ils allaient suivre le conseil de leur coloré premier ministre, Danny Williams, qui a prié les députés issus de sa province, tous partis confondus, de voter contre le budget.

Au Québec, Jean Charest a lui aussi déploré plusieurs aspects du budget déposé la semaine dernière. Ses critiques quant au nouveau calcul de la péréquation et à la mise sur pied d'une commission pancanadienne des valeurs mobilières ne suffiront pas cependant pour que les députés libéraux du Québec dérogent à leur tour à la ligne de parti.

Le lieutenant politique de M. Ignatieff au Québec, Denis Coderre, a indiqué qu'il croyait possible de faire avancer ces deux dossiers sans nécessairement voter contre le budget.

«Chacun a à prendre sa décision. Nous, du Québec, on a dit qu'on nous a donné une façon de faire, et on l'appuie», a-t-il noté.

Le député de Saint-Léonard-Saint-Michel, Massimo Pacetti, a quant à lui soutenu qu'un tel débat au sein d'un parti est normal. Il ne croit pas que les députés terre-neuviens feront face à d'importantes conséquences s'ils choisissent, dans ce cas précis, d'afficher leur dissidence.

«C'est normal pour le parti libéral d'avoir ces débats-là. (...) Le fait que quelqu'un essaie de défendre les intérêts de ses citoyens, je ne pense pas qu'on puisse vraiment le sanctionner (pour ça)», a-t-il conclu.

Amendement libéral adopté



La Chambre des communes a voté lundi, en début de soirée, en faveur de l'amendement libéral au budget qui oblige les conservateurs à rendre des comptes sur l'état de l'économie à trois reprises cette année. L'amendement a été adopté à 217 voix contre 84, les députés libéraux terre-neuviens se rangeant cette fois derrière leurs collègues.

Les bloquistes, dont le sous-amendement reprenant plusieurs points de la motion adoptée par l'Assemblée nationale en janvier a été rejeté jeudi, ont voté contre l'amendement libéral, tout comme les néo-démocrates.

Selon cet amendement, le parti de M. Harper devra déposer au Parlement en mars, en juin et en décembre des rapports sur l'évolution de la situation économique canadienne et l'avancement de la mise en oeuvre du budget.

Ces rapports seront suivis de votes de confiance, qui, s'ils étaient perdus par M. Harper et ses troupes, provoqueraient la dissolution de la Chambre.

Le budget en lui-même devrait être approuvé mardi avec l'aval des conservateurs et des libéraux.