Le président américain Barack Obama a affirmé mardi que la version finale de son plan de relance ne devait pas contenir un langage protectionniste qui pourrait entraîner une guerre commerciale avec le Canada et ses autres alliés.

«Nous ne pouvons pas lancer un message protectionniste», a-t-il déclaré mardi lors d'une entrevue accordé à l'émission Fox News.

Lors d'une autre entrevue, à la chaîne ABC, le président américain a dit que «nous devons nous assurer que les clauses qui sont inclues dans le plan ne provoqueront pas une guerre commerciale».

Mardi, le chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Steny Hoyer, avait affirmé, après s'être entretenu avec l'ambassadeur canadien à Washington, Michael Wilson, que le Canada avait raison de craindre une montée du protectionnisme américain et ses impacts sur le commerce entre les deux pays.

Michael Wilson avait fait parvenir une lettre ferme aux leaders du Sénat pour leur faire part de son inquiétude au sujet de la clause «Buy American» du plan de relance américain de plusieurs centaines de milliards de dollars.

Démocrate du Maryland, M. Hoyer s'est exprimé au sujet des inquiétudes canadiennes lors d'une conférence de presse. «M. Wilson était très préoccupé au sujet du flux des activités économiques entre nos deux pays, a-t-il affirmé. Et je crois que ses inquiétudes sont pertinentes... je crois qu'elles sont justifiées», a-t-il ajouté.

Adopté la semaine dernière par le Congrès, ce plan de relance du président Barack Obama de 819 milliards $ US contient une clause qui proscrit l'utilisation d'acier et de fer étrangers pour les projets d'infrastructures financés par le plan de relance.

Le Sénat a présenté une version encore plus protectionniste de son plan de relance. Chiffré à 885 milliards $ US, ce plan propose que tous les biens utilisés pour les projets d'infrastructures comme les routes, les ponts et les écoles soient fabriqués aux États-Unis.

Un représentant du gouvernement canadien, qui observe de près les activités du Sénat américain, a affirmé qu'il y avait une «chance convenable» que la clause «Buy American» soit diluée par le Sénat à la suite des protestations de plusieurs compagnies et dirigeants d'entreprises américaines.

«Le langage pourrait demeurer le même mais cela ne touchera pas nécessairement le commerce avec le Canada», a affirmé le représentant canadien.

Le Canada et l'Union européenne ont souligné que la clause pourrait aller à l'encontre d'accords commerciaux internationaux, créant ainsi des litiges qui pourraient nuire au rétablissement de l'économie mondiale.

Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a affirmé mardi qu'il mettait tout en oeuvre pour dissuader le gouvernement américain d'utiliser ladite clause puisque «nous n'avons pas de garantie qu'ils la retireront».

Un regroupement d'entreprises américaines, la National Association of Manufacturers, a quant à elle affirmé que cette clause pourrait faire mal aux travailleurs américains et violer les obligations internationales des Etats-Unis en matière de commerce.

Une étude publiée mardi par le Peterson Institute for International Economics a estimé que la clause controversée permettrait de créer environ 1000 emplois dans l'industrie sidérurgique mais qu'elle pourrait en coûter plus 65 000 dans d'autres secteurs.