Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a averti son homologue américaine qu'il n'avait pas l'intention de réclamer le rapatriement d'Omar Khadr.

Lors d'une rencontre avec la secrétaire d'État Hillary Clinton, hier, M. Cannon a, pour la première fois, soulevé le cas de ce jeune Canadien détenu à Guantánamo, essentiellement pour réitérer la position du gouvernement conservateur, qui s'oppose aux demandes répétées de l'opposition à Ottawa et des avocats d'Omar Khadr, qui souhaitent son retour au pays, afin qu'il soit jugé au Canada.

 

L'annonce de la fermeture prochaine de la prison controversée de Guantánamo, promise par le président américain Barack Obama, a ravivé dans les dernières semaines le débat entourant l'avenir de ce jeune capturé en Afghanistan et détenu depuis 2002 par les Américains.

Malgré les pressions incessantes de l'opposition, le premier ministre Stephen Harper avait refusé de soulever la question lors de sa rencontre avec le président Obama, à Ottawa, la semaine dernière.

«C'est un individu qui est accusé de crimes graves incluant des actes terroristes et des meurtres. La position du gouvernement du Canada est claire. Nous respectons le processus mis en place par le gouvernement américain et nous attendrons l'issue de ce processus avant de faire quoi que ce soit», a souligné le ministre Cannon, hier, en conférence de presse, à l'issue de sa rencontre avec Mme Clinton.

«Dans le contexte des directives présidentielles de fermer la prison de Guantánamo et de suspendre les procédures judiciaires, j'ai demandé à la secrétaire d'État Clinton de me dresser un portrait des prochaines étapes dans le dossier», a-t-il ajouté, précisant que le gouvernement canadien n'interférerait pas tant et aussi longtemps que les Américains détiendraient M. Khadr.

Le Canada est le seul pays occidental à avoir toujours un ressortissant à la prison de Guantánamo et qui n'a pas entamé des démarches de rapatriement. Omar Khadr est accusé d'avoir tué un soldat américain à l'aide d'une grenade, alors qu'il n'était âgé que de 15 ans.

Une des premières décisions du président Obama, après son investiture le 20 janvier, a été d'annoncer la fermeture de la controversée prison, d'ici un an. Le sort du jeune Khadr est depuis incertain.

Lettre pour le rapatriement

Le 11 février dernier, les chefs du Parti libéral, du NPD et du Bloc québécois avaient fait parvenir une lettre adressée au président américain, réclamant le rapatriement du jeune natif de Toronto. «Dans l'intérêt de la justice, il est primordial de reconnaître son statut d'enfant-soldat, de le libérer de Guantánamo et de le rapatrier promptement au Canada, où il sera jugé selon la loi canadienne», soulignait la lettre.

Les avocats d'Omar Khadr ont aussi fait pression sur le gouvernement Harper pour que le jeune détenu depuis six ans dans le centre de détention américain revienne au Canada, où il pourrait être suivi par des experts, médecins, psychiatres et autres. Le prisonnier canadien aurait vraisemblablement été victime de torture pendant sa détention.

Le sénateur et général à la retraite Roméo Dallaire, le Barreau du Québec, Avocats sans frontières, Amnistie internationale Canada et d'autres organismes de défense des droits ont tous réclamé le rapatriement du jeune détenu.