L'une des 10 personnes bannies du Parti libéral du Canada lors du scandale des commandites en 2005 a envoyé une lettre de mise en demeure au Parti conservateur et au lieutenant québécois de Stephen Harper, Christian Paradis.

Beryl Wajsman, ancien organisateur du PLC et aujourd'hui éditeur de l'hebdomadaire montréalais The Suburban, a exhorté M. Paradis à s'excuser pour des propos tenus dans un communiqué de presse, mercredi. Il lui demande de se rétracter et l'invite à discuter de paiements de dommages et intérêts.

 

Dans cette déclaration, le ministre Paradis a invité le chef libéral, Michael Ignatieff, à «s'opposer au retour de Wajsman». «Le Parti libéral n'a définitivement rien appris du scandale des commandites vivement dénoncées par la commission Gomery, a-t-il affirmé. Il accueille à bras ouverts dans son équipe de proches conseillers un des acteurs-clés du scandale des commandites.»

C'est un article du magazine Macleans qui a mis le feu aux poudres. On y rapportait que des membres de l'entourage de M. Ignatieff avaient recommencé à consulter Beryl Wajsman pour des questions de politiques publiques et de rédaction de discours.

Mercredi, Michael Ignatieff s'est distancé de l'ancien organisateur montréalais. «Il y a des gens qui croient qu'il écrit des discours pour moi. À ma connaissance je n'ai pas de contact avec M. Wajsman et je ne lis pas ses discours, ça c'est sûr», a-t-il déclaré.

Pourtant, une photo publiée sur le site web d'un organisme fondé par Beryl Wajsman, l'Institut des affaires publiques de Montréal, laisse croire que les deux hommes pourraient entretenir des liens plus étroits que le nouveau chef libéral ne l'a laissé entendre. Prise dans ce qui semble être une salle de réception, on les voit se tenant côte à côte et souriant pour la caméra.

Le site indique que la photo a été prise le 10 décembre 2008 à Ottawa. C'était le jour du couronnement de M. Ignatieff comme nouveau chef. C'était aussi celui du party de Noël du Parti libéral.

«M. Ignatieff se fait prendre en photo avec des dizaines de personnes chaque semaine. Il ne connaît pas la plupart d'entre elles. Il a dit hier que cet homme ne travaillait pas pour lui et qu'il n'avait rien lu de ce qu'il avait écrit», a déclaré un porte-parole de son bureau hier.

«C'était un événement public. Ce n'était pas une rencontre privée», a précisé M. Wajsman.

Vendetta politique

M. Wajsman a retenu les services du célèbre avocat montréalais Julius Grey dans cette affaire. C'est le bout de phrase, «acteur-clé du scandale des commandites» qui lui cause un problème dans la déclaration du ministre Paradis. Il s'agit selon lui de diffamation.

Joint par La Presse en fin de journée, il a plaidé qu'il n'avait rien à voir avec le scandale des commandites. Il estime avoir été pendant trop longtemps victime d'une vendetta politique de la part de Paul Martin et de son lieutenant politique de l'époque, Jean Lapierre.

Le nom de M. Wajsman avait été soulevé par Jean Brault dans l'un de ses témoignages à propos d'un repas au cours duquel une enveloppe remplie d'argent avait été remise au libéral Joe Morselli.

«Il n'a jamais dit que j'avais donné l'enveloppe d'argent à Morselli, s'est défendu M. Wajsman hier. Il a dit qu'il l'avait mise sur la table et qu'il est allé aux toilettes. Il a dit que quand il est revenu, l'enveloppe n'était plus là, et que moi, j'étais à table.»

Le Parti conservateur et Christian Paradis n'avaient pas encore réagi à la mise en demeure au moment de mettre sous presse.