Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, n'a mis que trois mois pour faire table rase sur l'héritage de son prédécesseur, Stéphane Dion.

M. Ignatieff a jeté aux poubelles le Tournant vert, l'une des principales promesses des libéraux durant la dernière campagne électorale, qui proposait notamment d'instaurer une taxe sur le carbone pour combattre les changements climatiques.

 

Il a enterré le projet d'un gouvernement de coalition avec le NPD et soutenu par le Bloc québécois, conclu en décembre, en décidant d'appuyer le dernier budget du gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper.

Il a déchiré le pacte de non-agression, signé avant les dernières élections, entre Stéphane Dion et le chef du Parti vert Elizabeth May, en vertu duquel le Parti libéral n'a pas présenté de candidat contre Mme May pour l'aider à vaincre le ministre de la Défense, Peter MacKay. Cette stratégie n'a pas porté fruits au dernier scrutin.

Enfin, M. Ignatieff a entrepris de défendre vigoureusement l'industrie des sables bitumineux de l'Alberta, même si cette industrie est jugée fort polluante. Aucun chef libéral n'avait défendu cette industrie de cette manière dans le passé. M. Ignatieff a toutefois affirmé que les entreprises qui exploitent les sables bitumineux ont l'obligation de prendre les mesures pour réduire considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre.

Selon certains stratèges libéraux, M. Ignatieff veut tourner rapidement la page sur les résultats désastreux des dernières élections. Il veut aussi démontrer qu'il a compris le message que les Canadiens ont envoyé aux libéraux en octobre dernier. Au dernier scrutin, le Parti libéral sous Stéphane Dion n'a remporté que 77 sièges et récolté que 26%, son pire score au chapitre des suffrages obtenus dans toute son histoire.

«Les résultats des dernières élections parlent d'eux-mêmes. Les Canadiens nous ont envoyé un message et il faut en prendre acte. Que le chef veuille donner une nouvelle direction et une nouvelle énergie au parti, on ne peut que s'en réjouir», a affirmé une source libérale sous le couvert de l'anonymat.

Depuis qu'il a pris les commandes du parti en décembre, Michael Ignatieff a aussi entrepris de rebâtir le PLC au Québec. Il a effectué une tournée de trois jours dans la province le mois dernier et il sera à nouveau dans la région de Montréal vendredi, samedi et dimanche. En outre, le chef libéral prononcera son premier discours d'importance au Québec à l'occasion du conseil général de l'aile québécoise du PLC à Laval les 21 et 22 mars.

Interrogé au sujet du virage entrepris par son nouveau chef, le lieutenant politique de Michael Ignatieff au Québec, Denis Coderre, a soutenu que chaque chef contribue à sa façon à la cause du parti qu'il dirige. Il a affirmé que Stéphane Dion a permis de faire avancer la cause de la protection de l'environnement.

«Stéphane Dion a apporté son leadership à l'environnement. Il a amené des choses qui sont intéressantes au niveau de notre parti. Chaque chef apporte son lot de bonnes choses et puis, ce qui est important pour nous, c'est de dire qu'on travaille de façon unie et que tout le monde va dans le même sens», a affirmé M. Coderre.