Le ministre des Finances Jim Flaherty s'est présenté hier devant le comité des finances du Sénat avec un seul message aux sénateurs: celui d'adopter illico le budget du gouvernement Harper qui prévoit des mesures de 40 milliards de dollars en deux ans afin de relancer l'économie canadienne en récession.

 

Le grand argentier du pays a même demandé aux sénateurs d'interrompre leur congé parlementaire prévu la semaine prochaine s'il le faut afin d'assurer le passage rapide du budget qu'il a déposé le 27 janvier à la Chambre des communes.

Le ministre Flaherty a soutenu que les Canadiens qui perdent leur emploi ne peuvent attendre des semaines de débats au Sénat pour obtenir l'aide du gouvernement fédéral. Le budget du ministre prévoit notamment des investissements massifs dans les infrastructures et dans le logement, ainsi que des mesures pour aider les travailleurs ayant perdu leur emploi à se recycler. En outre, le budget propose d'augmenter de cinq semaines les prestations de chômage.

Le Sénat doit aussi donner son aval à toutes ces mesures pour qu'elles soient mises en oeuvre. La Chambre des communes a adopté le budget la semaine dernière.

«Le Canada n'est pas une île. Le Canada n'est pas à l'abri. Il faut que le budget soit adopté immédiatement. Et quand je dis immédiatement, c'est maintenant et non pas après la pause du mois de mars de la semaine prochaine», a affirmé le ministre.

M. Flaherty a souligné que des milliers de Canadiens ont perdu leur emploi au cours des derniers mois et que la situation économique du pays va continuer à se détériorer. Le budget doit être adopté au cours des prochains jours, selon lui, pour que les dépenses massives d'Ottawa puissent commencer à partir du 1er avril.

M. Flaherty a aussi rejeté la demande des sénateurs de séparer en deux parties le projet de loi mettant en oeuvre le budget pour que les mesures visant à relancer l'économie soient adoptées plus rapidement. Les sénateurs libéraux souhaiteraient étudier plus longuement d'autres mesures du budget, notamment celles touchant l'équité salariale, qui pourraient constituer un recul pour les femmes, selon les partis de l'opposition.

Mais les sénateurs libéraux n'ont pas sourcillé devant la requête du ministre Flaherty. Le sénateur libéral Art Eggleton a soutenu que les membres du Sénat avaient l'obligation de faire leur devoir assidûment, notant que certaines mesures, en particulier celles touchant l'équité salariale, méritaient d'être examinées plus à fond.

M. Eggleton a aussi fait valoir que le ministre avait manqué une occasion en or d'aider les plus vulnérables de la société en n'améliorant pas les conditions d'accès au programme d'assurance-chômage. M. Flaherty a rétorqué que ce programme n'était pas un programme de bien-être social, mais une police d'assurance pour ceux qui perdent leur emploi.

Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, s'est insurgé contre les propos du ministre Flaherty, estimant qu'il se livrait à une petite bataille politique inutile. D'autant plus que tous les sénateurs, y compris les libéraux, ont déjà fait savoir que le projet de loi mettant en oeuvre le budget serait adopté avant le 1er avril, date du début du prochain exercice financier. M. Ignatieff a aussi rappelé que le gouvernement Harper ne prévoyait pas dépenser l'argent pour relancer l'économie avant cette date de toute façon.

«J'ai eu une discussion avec le leader libéral au Sénat. Les sénateurs libéraux sont d'accord avec leurs homologues conservateurs de tenir des audiences sur le budget et d'adopter le budget le 26 ou le 27 mars. Alors il n'y aura aucun délai, aucun délai sur la livraison de ce budget et la livraison du stimulus à la population canadienne», a dit M. Ignatieff.