Le président de la Chambre des communes, Peter Milliken, a rappelé à l'ordre des députés conservateurs qui ont accusé le Bloc québécois d'entretenir une idéologie de violence.

Ces accusations sont survenues au cours des dernières semaines. L'abandon du projet de reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham par la Commission des champs de bataille nationaux a mené à une escalade d'invectives entre les deux formations.

 

«Les menaces et les appels à la violence ne font pas partie des valeurs québécoises. Il s'agit plutôt de l'idéologie du Bloc», avait déclaré la ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, durant la période de questions du 26 février.

Cette déclaration avait fait bondir les députés du Bloc québécois, et le whip en chef du parti, Michel Guimond, a présenté un rappel au règlement, en disant que les propos de la ministre étaient antiparlementaires et offensants.

Une semaine plus tard, le 5 mars, un autre député du Bloc, Louis Plamondon, a lui aussi soulevé un rappel au règlement contre une députée conservatrice du Manitoba, Shelly Glover. Selon lui, Mme Glover visait le Bloc québécois lorsqu'elle a employé les termes «extrémistes» et «prêchent la violence», en dénonçant le journal Le Québécois à la Chambre des communes.

Le président de la Chambre n'a pas, comme le lui a demandé M. Guimond, ordonné à Josée Verner de retirer ses paroles. Mais il a tout de même tapé sur les doigts de tous les députés conservateurs impliqués.

Si ces propos n'étaient pas antiparlementaires, a-t-il dit, «il est clair qu'ils visaient la provocation et ils ont manifestement semé le désordre». Il en a profité pour rappeler l'ensemble des députés à l'ordre. «Tous les députés doivent être conscients que ces propos provocants ne font que susciter des réactions tout aussi enflammées et ne servent qu'à abaisser le niveau de nos délibérations», a-t-il déclaré.

Peter Milliken, libéral, a été réélu comme président de la Chambre après la réélection du gouvernement Harper, mais non sans débat: depuis quelques années, plusieurs déplorent la dégradation du décorum dans l'enceinte parlementaire. Il a promis d'y voir.

Dans une lettre datée du 26 février dernier, le président a d'ailleurs avisé les leaders parlementaires de tous les partis qu'il avait noté une recrudescence des attaques personnelles dans la Chambre durant les déclarations des députés avant la période de questions. «J'ai l'intention de mettre un frein à cette tendance immédiatement», a-t-il écrit.

Il a mis sa menace à exécution, hier, en coupant la parole à deux députés conservateurs qui attaquaient le chef libéral, Michael Ignatieff. Plusieurs l'ont félicité pour ses interventions, hier. Le leader du gouvernement à la Chambre des Communes, Jay Hill, lui a pour sa part rappelé l'importance de rester équitable.