Le chef libéral Michael Ignatieff reproche au premier ministre Stephen Harper de raconter des histoires sur la question du chômage au pays.

Au cours d'un point de presse, vendredi en fin d'après-midi, après qu'il eut rencontré le maire de Montréal Gérald Tremblay, le chef libéral a brièvement commenté les dernières statistiques sur le taux de chômage au Canada.

Statistique Canada a indiqué que le taux de chômage atteint son plus haut niveau depuis cinq ans, soit 7,7 pour cent. Quelque 82 600 Canadiens ont perdu leur emploi en février, faisant grimper le taux de chômage de 0,5 point de pourcentage.

«Je ne veux pas faire du pessimisme économique. Je suis pour le Canada et je suis pour nos travailleurs, mais ce que je n'aime pas, c'est quand le premier ministre nous chante des histoires. Nous sommes dans une crise de chômage qui grandit chaque jour», s'est exclamé le chef de l'opposition officielle à la Chambre des communes.

Au cours des quatre derniers mois, l'économie canadienne a perdu 295 000 emplois, dont 129 000 en janvier seulement, a relevé Statistique Canada.

«Depuis l'élection fédérale d'octobre dernier, le Canada a perdu 300 000 emplois», soit depuis le retour au pouvoir des conservateurs, a souligné M. Ignatieff.

Il rejette l'affirmation du premier ministre Harper voulant que le Canada se tire mieux d'affaires que les Etats-Unis.

Selon lui, au contraire, pour 10 pertes d'emploi aux Etats-Unis, le Canada en perd 15, en ce moment. «On perd plus de gens maintenant au Canada qu'aux Etats-Unis; c'est grave ça», a-t-il affirmé.

Le cabinet du premier ministre Harper a riposté, soulignant que pendant que le taux de chômage au Canada était de 7,7 pour cent, il était plus élevé aux Etats-Unis, soit 8,1 pour cent.

Et il note que depuis novembre dernier, le Canada a perdu 230 000 emplois, soit 1,4 pour cent, un pourcentage similaire à celui des Etats-Unis, avec 1,5 pour cent ou près de deux millions d'emplois dans leur cas.

Infrastructures



Avec le maire Tremblay, le chef Ignatieff a surtout parlé d'infrastructures. Le maire Tremblay est revenu une fois de plus sur la nécessité d'accélérer les investissements fédéraux dans les projets d'infrastructures municipales. Il a rappelé que l'argent fédéral tarde à être versé alors que des projets sont prêts à être lancés.

Le gouvernement conservateur avait mis de côté une somme de 3 milliards $, prête à être versée plus rapidement pour des projets de relance économique, mais les libéraux, bloquistes et néo-démocrates refusaient de lui donner ce qu'ils appelaient «un chèque en blanc» pour verser des sommes très rapidement.

«Nous ne sommes pas contre une dépense de cette taille dans une situation de récession, mais on veut savoir: on le dépense sur quoi exactement M. Harper? S'il nous répond clairement, je suis prêt à donner mon soutien, mais je ne peux pas signer un chèque en blanc sans des détails. Et on attend toujours des détails», a justifié M. Ignatieff.

Sur ce point, le maire Tremblay a semblé comprendre que l'opposition demande des comptes, mais il veut des investissements fédéraux, et vite. «Au niveau municipal, on est responsable et on est imputable. On ne veut pas faire un débat de modalités d'application d'un fonds. Je pense que le gouvernement pourrait s'assurer d'accélérer les déboursés et de s'assurer d'un contrôle a posteriori», a commenté le maire Tremblay.