Le premier ministre Stephen Harper tenait cette semaine deux discours distincts pour vendre son plan économique: lors d'une première allocution dynamique, il s'est employé à rassurer la population canadienne de plus en plus nerveuse, mais devant un public conservateur sceptique, il a plutôt critiqué les libéraux, Barack Obama et Wall Street.

Le premier discours que les Canadiens ont pu voir à la télévision ou lire dans les journaux était particulièrement optimiste. Stephen Harper affirmait que l'économie reprendrait rapidement et avec vigueur grâce à des mesures ciblées prévues dans le budget.

Le second s'est déroulé jeudi soir derrière des portes closes, devant un groupe de conservateurs importants invités par le Centre Manning pour le renforcement de la démocratie, un groupe de réflexion présidé par l'ex-chef du Parti réformiste du Canada, Preston Manning.

Le bureau du premier ministre n'avait pas signalé la tenue de cette rencontre et a refusé de la commenter.

Selon un compte-rendu de la deuxième rencontre obtenu par La Presse Canadienne, Stephen Harper s'en serait pris aux libéraux, affirmant que la situation économique aurait été encore plus dramatique s'ils avaient été portés au pouvoir.

«Imaginez la position que le Canada aurait adopté lorsque le Hezbollah et le Hamas ont attaqué Israël. Imaginez le nombre de libéraux qui seraient déjà en poste au Sénat, dans les cours et dans de nombreuses autres institutions et agences fédérales -ou devrais-je dire, combien de plus», a affirmé, moqueur, Stephen Harper.

«Imaginez les coûts engendrés si on avait été de l'avant avec les accords de Kyoto et de Kelowna sans avoir de plan préalable pour accomplir quelque chose dans le domaine de l'environnement et des affaires autochtones. Imaginez les impacts d'une taxe sur le carbone au milieu d'une récession globale», a-t-il ajouté.

Il a critiqué à deux reprises les hausses de taxes que le président Barack Obama a décrétées pour les fourchettes d'imposition plus élevées. Il s'en est également pris à la culture dépensière des États-Unis et à l'insouciance de Wall Street.

Autrefois qualifié de libertarien, Stephen Harper en a surpris plusieurs en dénonçant l'attitude des partisans de ce courant idéologique, qui, selon lui, refusent d'être tenus responsables de leurs actions.

Le premier ministre a aussi défendu ses politiques, affirmant qu'il devait faire des compromis afin de faire face à la réalité économique. Plusieurs conservateurs dénoncent son glissement vers le centre de l'échiquier politique.