Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, promet d'être un allié indéfectible des communautés francophones et acadiennes si son parti forme le gouvernement aux prochaines élections fédérales.

Dans son premier discours sur l'avenir de la francophonie canadienne qu'il doit prononcer ce soir à Embrun, dans la région d'Ottawa, M. Ignatieff s'engage d'ailleurs à rétablir dans son intégralité le programme de contestation judiciaire aboli par le gouvernement Harper en septembre 2006.

Dans le passé, ce programme a notamment permis aux minorités francophones de contester devant les tribunaux certaines décisions de gouvernements provinciaux qui leur étaient défavorables.

En Ontario, par exemple, les francophones ont réussi à infirmer la décision de l'ancien gouvernement Harris de fermer l'hôpital Montfort, le seul hôpital universitaire francophone de la province, grâce à ce programme.

Devant la grogne des groupes francophones, le gouvernement Harper a battu en retraite l'an dernier en créant un nouveau programme afin d'aider les minorités linguistiques à défendre leurs droits.

Ce programme dispose d'un budget de 1,5 million par année et favorise le règlement des différends entre les minorités linguistiques et les gouvernements par la médiation et les règlements à l'amiable. Toutefois, les autres groupes minoritaires comme les gais et les lesbiennes ou encore les regroupements de femmes ne peuvent obtenir le soutien financier d'Ottawa pour défendre leurs droits, comme ils pouvaient le faire dans le cadre du programme de contestation judiciaire.

Un nouveau gouvernement libéral s'engagera aussi à investir dans des domaines importants pour la survie de la francophonie à l'extérieur du Québec, notamment la santé, l'éducation, la petite enfance, la culture et l'immigration.

«Je n'attendrai pas que les tribunaux me poussent dans le dos pour agir et faire respecter la lettre et l'esprit de notre Charte des droits et libertés et de notre Loi sur les langues officielles», affirme M. Ignatieff dans son discours dont La Presse a obtenu copie hier.

«Quand des gens me diront que nos deux langues officielles sont un obstacle ou un fardeau, je leur répondrai qu'elles représentent un atout humain, social et économique extraordinaire pour notre pays», ajoute le chef libéral, qui est parfaitement bilingue.

En somme, le mot d'ordre à Ottawa sera de redonner un nouveau souffle à la Loi sur les langues officielles, adoptée il y a quarante ans cette année, si les libéraux reprennent le pouvoir. M. Ignatieff entend donner la consigne non seulement à ses futurs ministres, mais aussi aux hauts fonctionnaires de l'appareil fédéral.

Historiquement, le Parti libéral a toujours profité de l'appui des minorités francophones partout au pays. Les libéraux remportaient facilement la mise dans des circonscriptions où le vote de francophones est déterminant.

Mais depuis 2006, le Parti libéral a perdu des plumes dans plusieurs de ces circonscriptions et au dernier scrutin, il a mordu la poussière dans Saint-Boniface, au Manitoba, et dans plusieurs circonscriptions francophones dans le Nord de l'Ontario et dans l'Est ontarien.

Le discours de Michael Ignatieff de ce soir vise donc à rebâtir les ponts entre le Parti libéral et les minorités francophones. Dans ce discours, M. Ignatieff s'en prend aux souverainistes qui, selon lui, ne cessent de prétendre que le fait français est en voie de disparition dans le reste du Canada.

«Les souverainistes, les gens du Bloc, du PQ, disent sans cesse, oh, vous savez, au Canada, le fait français est en voie de disparition. On est sains et saufs seulement au Québec. Ce n'est pas vrai. Je vous le dis, le Canada existe, le but même du Canada, c'est de protéger la dualité linguistique partout au pays. Ça, c'est mon Canada et les souverainistes ne comprendront jamais notre pays», affirme M. Ignatieff.

Le chef libéral fait aussi allusion à la controverse entourant la commémoration du 250e anniversaire de la bataille des plaines d'Abraham. Selon lui, les francophones ont peut-être perdu cette bataille, mais ils ont gagné la guerre puisque la langue française est toujours vivante en Amérique du Nord. «Les séparatistes parlent de défaite et de conquête. Eh bien, il s'agit au contraire d'une incroyable épopée de survivance et d'épanouissement dont nous pouvons être fiers», affirme-t-il dans son discours.