La Marine canadienne entend procéder à une période d'entretien de plusieurs semaines, voire quelques mois, de son sous-marin NCSM Corner Brook au cours de l'automne 2009. Du coup, les côtes canadiennes se retrouveront sans aucune surveillance sous-marine car les trois autres submersibles sont déjà en période d'entretien.

La semaine dernière, le ministère de la Défense nationale a lancé un appel d'offres pour la fourniture d'une plateforme flottante devant servir à la mise en cale sèche du Corner Brook dans ses installations portuaires d'Halifax. La période de location de cet équipement est de six mois, avec une option de renouvellement pour un maximum de six périodes d'un mois. La plateforme doit être livrée entre juin et septembre 2009.

L'absence de sous-marin en opération ne signifie pas que les eaux canadiennes seront abandonnées aux pêcheurs illégaux, trafiquants de drogues, terroristes et autres truands de tout acabit, tient-on à signaler à la Défense. «Les opérations maritimes sont accomplies à l'aide de plateformes diverses», dit la commandeure Denise Laviolette en énumérant les sous-marins, les navires de surface, les hélicoptères ainsi que les avions qui sillonnent régulièrement les côtes.

Pluie de mauvaises nouvelles

N'empêche. Depuis leur acquisition de la Grande-Bretagne en 1998, les quatre sous-marins canadiens de la classe Victoria - NCSM Victoria, Windsor, Corner Brook et Chicoutimi - ont fait beaucoup parler pour les mauvaises raisons. Dépassements de coûts, nombreux problèmes techniques, sous-utilisation, les pépins se sont accumulés.

Mais c'est évidemment la tragédie qui a frappé le Chicoutimi, au cours de sa traversée inaugurale de l'Écosse vers le Canada, qui a retenu l'attention. Le mardi 5 octobre 2004, un incendie se déclenchait à bord du navire, causant la mort d'un marin, faisant au moins neuf blessés et causant d'énormes dommages.

Au fil des ans, plusieurs médias ont diffusé des nouvelles sur les maux des quatre navires acquis, au départ, au coût de 750 millions de dollars. Ainsi, il y a un an, le 11 mars 2008, La Presse rapportait que 10 ans après leur acquisition, les quatre navires n'avaient accumulé que 254 jours de patrouille et d'exercice en mer; 466 autres jours avaient été passés en mer pour des essais, la formation et la transition vers le Canada.

Simple entretien de routine

Pour le ministère de la Défense, la mise en cale sèche du Corner Brook ne constitue qu'un simple entretien de routine qui se déroulera «pour une courte période de temps». Ça avait aussi été le cas dans la première moitié de 2008.

La Défense ne donne pas de précision quant au coût du travail ni à la durée de cette période d'entretien, indiquant simplement qu'elle commencera à l'automne 2009 et que le Corner Brook retournera en mer en janvier 2010.

D'ici son retour à Halifax, l'agenda du sous-marin sera chargé, tient-on à préciser. On ajoute d'ailleurs que le Corner Brook a récemment participé à un exercice international regroupant des navires de plusieurs pays amis du Canada. Un article publié dans La Feuille d'érable, journal officiel des Forces canadiennes, raconte d'ailleurs qu'au cours de cet exercice, le sous-marin a réussi à s'approcher d'un porte-avions britannique sans se faire repérer.

À l'heure actuelle, les sous-marins Windsor et Victoria sont remisés dans les ports de Halifax et d'Esquimalt en Colombie-Britannique où ils font l'objet d'un grand carénage, c'est-à-dire une longue et intense période d'entretien. Ils devraient retrouver leurs capacités opérationnelles en 2010.

Quant au Chicoutimi, la Défense a décidé de le tenir à l'écart jusqu'en 2012. À la suite de l'incendie de 2004, il a subi de longs travaux de restauration. Puis, en 2006, le ministre de la Défense de l'époque, Gordon O'Connor, a annoncé qu'il était mis au rancart jusqu'en 2010, moment où commencera son grand carénage. Cette mesure permettait d'économiser 100 millions de dollars, estimait-on.

À partir de 2010, soit 12 ans après l'acquisition de ces quatre navires, la Marine entend avoir toujours au moins un sous-marin en fonction sur chacune des côtes. On s'attend au ministère à ce qu'ils soient en fonction jusque dans les années 2030.