Les partis d'opposition à Ottawa accusent le gouvernement Harper d'avoir laissé tomber les régions et les communautés francophones hors Québec, qui seront durement frappées par les compressions d'au moins 171 millions $ à la Société Radio-Canada, notamment par la disparition de plusieurs bulletins de nouvelles locales.

Le député néo-démocrate d'Acadie-Bathurst, Yvon Godin, craint que les stations régionales de son coin de pays ne deviennent des coquilles vides, à la suite de la suppression de plusieurs postes de journalistes et de recherchistes et de la suppression d'émissions régionales.

«Moi j'aime bien mieux entendre les nouvelles que le bâtiment. Le bâtiment ne me dit rien», a-t-il illustré, après la période des questions.

Le libéral Marcel Proulx, qui représente la circonscription de Hull-Aylmer, s'inquiète quant à lui pour les techniciens et travailleurs du milieu culturel de l'Outaouais et de l'Ontario français, qui perdront leur gagne-pain au cours des prochaines semaines.

Son collègue Pablo Rodriguez a été jusqu'à reprocher au ministre du Patrimoine, James Moore, d'envoyer Radio-Canada «au diable» en n'intervenant pas.

Le Bloc québécois souligne pour sa part que la disparition de plusieurs émissions de radio et de télévision aura des conséquences sur des milliers de créateurs du secteur privé: producteurs, réalisateurs, comédiens et recherchistes, par exemple.

Selon la porte-parole bloquiste en matière de patrimoine, Carole Lavallée, quelque 3200 travailleurs sont menacés, dont une majorité de pigistes, d'artistes et d'employés de boîtes de production.

Tous considèrent que les conservateurs sont les premiers responsables des compressions. A leur avis, le pire aurait probablement pu être évité si Ottawa avait fait preuve de «souplesse» et avait accordé au radiodiffuseur public l'aide financière d'urgence qu'il réclamait.

Cette interprétation des faits est cependant contestée par le vice-président responsable des services anglais du radiodiffuseur, Richard Stursberg, qui a déclaré à la chaîne d'information continue Newsworld que des centaines de mises à pied auraient été nécessaires, même si le fédéral avait accepté d'octroyer une marge de crédit ou un prêt à la société.

Mme Lavallée entend demander des explications à ce sujet au ministre du Patrimoine, ainsi qu'au pdg de Radio-Canada, Hubert Lacroix. Elle a déposé lundi une motion pour les entendre en comité dès la semaine prochaine. Cette requête devrait être appuyée par les libéraux et le Nouveau Parti démocratique.

Le comité se consacre justement ces jours-ci à une étude sur l'évolution de l'industrie de la télévision. Radio-Canada n'est en effet pas la seule entreprise de radiodiffusion à voir ses revenus diminuer tandis que ses frais augmentent.

La plupart des télévisions privées conventionnelles ont récemment annoncé des compressions dans leurs services d'information. C'est notamment le cas du réseau Global, ainsi que de CTV.