Pour la première fois depuis plus de cinq ans, les libéraux fédéraux dépassent le Bloc québécois dans les intentions de vote au Québec, conséquence évidente de l'arrivée de Michael Ignatieff aux commandes.

Dans son enquête d'avril réalisée pour La Presse, la maison de sondage CROP constate que la satisfaction à l'endroit du gouvernement fédéral marque le pas; pour un troisième mois consécutif, on retrouvait plus de 60% de Québécois insatisfaits du gouvernement Harper.

La popularité de Michael Ignatieff, qui a pris la succession de Stéphane Dion, ne se dément pas et propulse son parti devant le Bloc québécois. Ainsi, le PLC obtient actuellement 37% des intentions de vote au Québec, un bond de 7% sur son score de la fin mars. Le Bloc québécois lui recule de 4 points sur la même période, passant de 35 à 31%. Pour le Parti conservateur, c'est la dégringolade : après les 22 % des élections du 14 octobre, le parti de Stephen Harper est aujourd'hui à 15%, un recul de 3 points de pourcentage par rapport à mars. Les néo-démocrates de Jack Layton restent à leur niveau des élections, avec 12%.

Pour Maïalène Wilkins, analyste de CROP, il faut remonter à février 2004 pour trouver une enquête où le Bloc et le PLC sont à égalité. «Paul Martin venait de devenir chef du PLC et c'était juste avant le rapport de la vérificatrice générale sur les commandites » rappelle-t-elle. Aux élections suivantes, en juin 2004, le Bloc avait raflé la mise avec 49% des suffrages, contre 34% aux libéraux qui n'avaient jamais, depuis, repris les devants au Québec. Quant au gouvernement Harper, «il semble que les Québécois n'attendent plus grand-chose de ce côté», constate Mme Wilkins.

Gains chez les francophones

Les gains du PLC se constatent aussi auprès de l'électorat francophone. Ici, 34% des gens se disent en faveur du parti de M. Ignatieff, une remontée de 7 points de pourcentage par rapport au mois précédent. Avec 37%, le Bloc québécois recule de 4 points auprès des francophones. Les conservateurs glissent de 4 points aussi, à 13%, juste un point au dessus du NPD.

La bougie d'allumage des libéraux au Québec semble se résumer à une chose, l'arrivée de Michael Ignatieff aux commandes. «La remontée du PLC se dessinait depuis janvier avec l'arrivée de M. Ignatieff», explique Mme Wilkins.

Le nouveau chef «bénéficie d'un fort capital de sympathie au Québec», résume la spécialiste. Il est devenu le «meilleur premier ministre du Canada» aux yeux de 45 % des Québécois, une hausse de 10 points de pourcentage par rapport à l'enquête précédente. Stephen Harper doit se contenter du tiers de cet appui, avec 17% de partisans, trois de moins que le néo-démocrate Jack Layton. Gilles Duceppe, qui n'aspire pas à diriger le Canada, ne reçoit que 2% de suffrages.

Cette remontée du chef libéral correspond à une campagne publicitaire bien orchestrée au Québec. «Il s'est fait connaître, il a publié un ouvrage, est passé à Tout le monde en parle. La question demeure toutefois: cela va-t-il se maintenir?» relève Mme Wilkins.