Déçu du plan du gouvernement fédéral pour traverser la crise, le Bloc québécois propose de nouvelles mesures totalisant 32 milliards sur deux ans, qui s'ajouteraient au plan de relance entrepris par les conservateurs.

Dans son «plan d'aide», rendu public hier, le Bloc suggère au gouvernement de resserrer le filet social, notamment en abolissant le délai de carence de deux semaines avant d'avoir accès à l'assurance emploi. Des investissements de 7 milliards sont aussi réclamés pour stimuler l'emploi et l'investissement, surtout pour les secteurs manufacturier et forestier.Le parti souverainiste demande par ailleurs au fédéral de faire des dépenses stratégiques pour réduire la dépendance du Canada au pétrole, tout en stimulant l'économie.

Les bloquistes jugent que la situation est urgente et que le gouvernement conservateur doit agir dès maintenant pour venir en aide aux travailleurs, étant donné que la situation s'est détériorée depuis le budget de janvier dernier.

Le Bloc se défend bien de se créer, avec cette liste d'épicerie, une porte de sortie pour appuyer les conservateurs advenant que le Parti libéral de Michael Ignatieff tente de défaire le gouvernement pour forcer la tenue d'élections générales. Mais du même souffle, le chef bloquiste souligne que ce ne serait «pas responsable» de défaire un gouvernement, peu importe de quel parti, qui adhérerait à ses propositions.

Un sondage CROP-La Presse indiquait hier que pour la première fois en cinq ans, le Parti libéral devance le Bloc dans les intentions de vote au Québec. La perspective d'élections au cours de la prochaine année pourrait donc devenir moins intéressante pour le Bloc québécois, qui avait pourtant affirmé à l'issue de l'énoncé économique du ministre des Finances, Jim Flaherty, en novembre, que le lien de confiance envers le gouvernement était brisé.

«On regardera l'économie générale, on regardera ce que M. Flaherty proposera, a dit hier le chef bloquiste. La dernière fois, j'ai pris le temps de lire son budget. M. Flaherty n'a rien retenu de ce qu'on a mis de l'avant. On donne une deuxième chance à tous les partis d'appliquer (les mesures qu'on propose).»

M. Duceppe a rappelé que c'était actuellement le Parti libéral qui «maintenait les conservateurs au pouvoir».

«Nous faisons des propositions concrètes. Que les autres en fassent et on débattra au mérite de ces propositions pour aider les hommes et les femmes aux prises avec cette terrible crise», a-t-il réclamé.

Le gouvernement conservateur a réagi au plan bloquiste en dénonçant le fait qu'aucune mesure n'est proposée pour l'industrie de la culture, qui emploie 650 000 travailleurs au Canada.