Karlheinz Schreiber pourra rester au Canada pendant encore - au moins - une dizaine de jours.

Son avocat, Richard Auger, a demandé jeudi à la commission Oliphant de garder son client sous le coup d'une assignation à comparaître.

La démarche visait à assurer que M. Schreiber ne se fasse pas extrader vers l'Allemagne, une fois son interrogatoire terminé. Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a accepté il y a quelques mois de surseoir à cette extradition, tant que la commission chargée de faire la lumière sur ses relations commerciales avec Brian Mulroney aurait besoin de lui.

L'Allemagne demande au Canada de lui transférer son ressortissant depuis plusieurs années. Elle souhaite le juger sur des chefs d'accusation de fraude, d'évasion fiscale et de corruption.

Ainsi, après consultation, les avocats ont convenu de maintenir cette assignation et de se garder le pouvoir d'interroger à nouveau le témoin à compter du mardi 19 mai, une fois le témoignage de Brian Mulroney terminé, vraisemblablement vendredi prochain.

Avant le témoignage de Mulroney

Une fois ces questions de procédure réglées, jeudi matin, Karlheinz Schreiber a témoigné à nouveau. L'interrogatoire, mené par l'avocat principal de la commission, Richard Wolson, a été l'occasion de préciser certains points avant la comparution de Brian Mulroney.

L'homme d'affaires germano-canadien a clarifié sa position sur l'entente qu'il dit avoir conclu avec l'ancien premier ministre. Il a confirmé qu'il s'était bel et bien entendu avec lui le 23 juin 1993 au lac Harrington, alors qu'il était toujours premier ministre, pour qu'ils travaillent ensemble sur le projet Bear Head, mais qu'ils n'avaient pas parlé d'argent lors de cette rencontre.

M. Mulroney a quitté son poste deux jours plus tard, mais il est resté député jusqu'au mois d'octobre suivant. Deux mois après la rencontre, le 27 août 1993, Karlheinz Schreiber lui a remis entre 75 000 $ et 100 000 $ dans une chambre d'hôtel de l'aéroport de Mirabel.

Richard Wolson a aussi déclaré qu'une expertise demandée par la commission suggère que l'écriture de M. Schreiber sur un mandat est bien la sienne, et qu'il n'y a aucun indication qu'elle ait été contrefaite. Ce mandat lui a été présenté par l'ami de Brian Mulroney, Fred Doucet, en 2000. Le document semble confirmer la version des faits de M. Mulroney, selon laquelle il a reçu de l'argent pour faire la promotion des véhicules blindés de la compagnie Thyssen sur la scène internationale. Mais M. Schreiber nie avoir écrit sur le document, ce qui pourrait laisser croire qu'il en approuvait le contenu.

Karlheinz Schreiber a enfin expliqué ce qu'il avait voulu dire lorsqu'il avait affirmé à la commission il y a quelques semaines qu'il avait rencontré M. Mulroney seul à seul, mais qu'il ne souhaitait pas en parler. Il a convenu qu'il s'agissait de discuter d'un de leurs amis communs, qui éprouvait à l'époque des problèmes personnels.