Le gouvernement canadien a confirmé hier sa décision de porter en appel la cause du rapatriement d'Omar Khadr, ce Canadien emprisonné au centre de détention militaire de Guantánamo depuis 2002.

La Cour fédérale a imposé à Ottawa il y a deux semaines de rapatrier le jeune homme le plus rapidement possible. Le juge James O'Reilly a dit que le Canada violait la Charte des droits et libertés et la convention de Genève contre la torture en refusant de le ramener au pays.M. Khadr, 22 ans, a été arrêté en Afghanistan à 15 ans. Il est accusé d'avoir tué un militaire américain à l'aide d'une grenade.

Des documents rendus publics l'été dernier ont démontré qu'il avait été victime de mauvais traitements à la base militaire américaine. Il a notamment été privé de sommeil avant d'être interrogé par des représentants du gouvernement canadien.

Lors de son arrivée en poste, le président américain Barack Obama a annoncé qu'il fermerait le centre de détention avant la fin janvier 2010. Malgré tout, Ottawa a refusé de s'engager à ramener le jeune Torontois au pays.

Hier, le ministère des Affaires étrangères n'a donné aucun détail pour expliquer les raisons, juridiques ou autres, de sa décision de porter cette décision en appel.

La réponse, laconique, permet tout au moins de deviner que le gouvernement Harper maintien une position maintes fois répétée au cours des derniers mois: «Le gouvernement du Canada a toujours fait état que M. Omar Khadr fait face à de sérieuses accusations», a simplement déclaré dans un courriel un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alain Cacchione.

La Presse lui avait posé deux questions: Quelles sont les bases juridiques de cet appel? Est-ce que les documents ont été déposés en cour? «Comme cette question est en litige, nous ne ferons pas d'autres commentaires à ce moment», s'est contenté de dire le fonctionnaire.

Le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae, s'est dit déçu, mais pas surpris de cette décision. «Le gouvernement évite ses responsabilités, a-t-il dit. Ce n'est pas seulement les cours de justice qui ont la responsabilité de faire respecter la charte des droits et libertés. Les gouvernements aussi.»

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, avait dit à la Chambre des communes, le lendemain du jugement, que le gouvernement en appellerait. Il s'était ensuite fait rappeler à l'ordre par le bureau du premier ministre. Apparemment, M. Cannon avait parlé trop rapidement: sa porte-parole avait par la suite convenu que les avocats du gouvernement n'avaient pas fini d'étudier le dossier.