Michael Ignatieff a tourné le dos à l'idée de former une coalition pour renverser les conservateurs de peur de «diviser profondément le Canada».

De passage à Montréal, le chef du Parti libéral est revenu sur les raisons qui ont motivé sa décision de ne pas s'unir avec le Bloc Québécois et le NPD pour défaire le gouvernement conservateur, l'hiver dernier.Il a insisté sur le fait que ce ménage à trois avait été évoqué au lendemain d'un scrutin où le Parti libéral venait d'encaisser l'un des pires résultats de son histoire. «Il y avait des questions dans le pays sur la légitimité de la coalition qui me troublaient. J'ai senti qu'on ne pourrait pas éviter les attaques que nous aurions en un certain sens volé le pouvoir, a-t-il déclaré hier au théâtre du Gesù, où quelque 200 personnes étaient venues l'entendre lire des extraits de son dernier livre, Terre de nos aïeux, dans lequel il raconte l'histoire de ses ancêtres maternels.

«Je suis en politique pour unifier les gens, pas pour les diviser, a-t-il répété. La coalition aurait profondément, profondément et durablement divisé le pays.»

Michael Ignatieff a aussi eu des doutes sur la solidité de la coalition à long terme. «Je ne pouvais pas garantir aux électeurs la stabilité politique de la coalition, nécessaire en temps de crise.»

Fini les commandites?

Lors d'un bref point de presse, Michael Ignatieff s'est par la suite de nouveau prononcé pour une réforme des critères d'admissibilité aux prestations d'assurance emploi «aussitôt que possible, vu l'ampleur de la crise de l'emploi».

Mais il n'est pas allé jusqu'à affirmer qu'il pourrait y avoir des élections cet été si le gouvernement Harper rejette sa demande. «Je ne veux pas faire des menaces publiques (de faire tomber le gouvernement) avec ce dossier-là. Ce qui compte, c'est les résultats pour les contribuables», a-t-il indiqué.

Porté par deux récents sondages confirmant la progression des appuis au PLC depuis les dernières élections générales, Michael Ignatieff croit d'ailleurs que les Québécois sont en train de tourner la page sur le scandale des commandites. Le dossier, dit-il, n'est plus au coeur de leurs préoccupations. «Je n'entends presque jamais les mots scandale des commandites quand je suis au Québec.»