Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a réclamé hier la tête du ministre des Finances, Jim Flaherty, après que ce dernier eut annoncé mardi que le gouvernement fédéral affichera un déficit record de 50 milliards de dollars au cours du présent exercice financier.

M. Ignatieff a exigé la démission du ministre des Finances à la Chambre des communes au cours d'une période de questions particulièrement houleuse sur la crise économique et les mesures prises par le gouvernement Harper pour combattre la récession.

 

Selon Michael Ignatieff, il ne fait plus de doute que Jim Flaherty n'a plus la crédibilité au pays ou même à l'étranger pour continuer à exercer ses fonctions de ministre des Finances.

Le chef libéral a rappelé que M. Flaherty avait affirmé, il y a cinq semaines à peine, que les projections du dernier budget selon lesquelles le déficit s'élèverait à 34 milliards de dollars en 209-2010 étaient toujours valides.

Or, M. Flaherty a changé son fusil d'épaule, lundi, après avoir rencontré ses homologues des provinces et prévoit maintenant un déficit nettement plus important, qui dépassera les 50 milliards de dollars.

«En septembre, le gouvernement a dit qu'il n'y aurait pas de récession. En octobre, il a promis qu'il n'y aurait pas de déficit. En novembre, il a prédit un excédent. En janvier, il nous a annoncé un déficit de 34 milliards de dollars. Aujourd'hui, nous apprenons que le déficit atteint 50 milliards de dollars, le plus important de notre histoire. C'est de l'incompétence, du jamais vu», a affirmé le chef libéral en exigeant le congédiement du ministre Flaherty.

Le premier ministre Stephen Harper a rejeté cette requête. Il a soutenu que le Canada traverse une crise économique sévère et que son gouvernement a adopté les mesures qui s'imposent pour soutenir l'économie et pour venir en aide aux travailleurs et aux entreprises en difficulté.

Tout en défendant le travail de son ministre des Finances, Stephen Harper a aussi accusé son adversaire libéral de faire preuve d'hypocrisie. Le premier ministre a souligné que Michael Ignatieff critique d'une part l'ampleur du déficit et exige d'autre part d'autres mesures coûteuses pour améliorer les conditions d'admissibilité à l'assurance emploi, ce qui aurait pour effet d'augmenter encore plus le déficit.

«Quand le chômage et la récession deviennent plus difficiles, ce gouvernement et ce ministre des Finances dépensent davantage pour l'infrastructure, pour aider les communautés et les chômeurs. C'est une politique tout à fait correcte et nous avons l'intention de la continuer», a déclaré M. Harper.

«Ce qui est en jeu, c'est la crédibilité du chef de l'opposition (Michael Ignatieff), qui réclame semaine après semaine que le gouvernement augmente les dépenses de manière permanente. Et maintenant il tente de prétendre qu'il s'inquiète de l'ampleur du déficit», a ajouté le premier ministre.

M. Harper a réitéré que le déficit record de 50 milliards de dollars représente, toutes proportions gardées, l'équivalent de 25% du déficit qu'afficheront les États-Unis en 2009. En effet, le budget déposé par le président Barack Obama s'élève à quelque 3500 milliards de dollars dont environ la moitié est un déficit.

Devant les journalistes, Michael Ignatieff n'a pas caché qu'il commence à perdre patience avec le gouvernement minoritaire de Stephen Harper et ne cache plus qu'il jongle avec l'idée de provoquer sa défaite aux Communes.

Interrogé hier pour savoir s'il avait toujours confiance au gouvernement Harper pour gérer l'économie, M. Ignatieff a déclaré: «Ça devient de plus en plus difficile de travailler avec le gouvernement. Je fais de mon mieux parce que je sais bien que les Canadiens ne veulent pas d'élections. Je ne cherche pas d'élections, mais c'est comme un coup de tonnerre, ces questions de déficit. Ça montre l'incapacité, l'incompétence du gouvernement.»

Le chef libéral a soutenu que les conservateurs ont failli à la tâche dans trois domaines: «D'abord, l'assurance emploi, ensuite le fait que l'argent du stimulus ne soit pas dépensé, que les chèques ne sont pas envoyés. Et troisièmement, les finances publiques sont dans un désordre, mais total», a-t-il dit.