Le déficit réel qu'affichera le gouvernement fédéral en 2009-2010, déjà revu à la hausse par le ministre des Finances Jim Flaherty à 50 milliards de dollars moins de trois mois après l'adoption du budget, dépendra beaucoup de l'état de santé de l'économie canadienne, affirme le premier ministre Stephen Harper.

Résultat: le boulet financier pourrait être encore plus imposant si la situation économique continue à se détériorer au cours des prochains mois, a soutenu le premier ministre hier à la Chambre des communes.

 

M. Harper a fait ce commentaire en réponse à une question du chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, qui a pressé le premier ministre de dire aux Canadiens précisément à combien se chiffrera le déficit.

«À la fin de l'exercice financier, la taille du déficit, évidemment, va dépendre de la performance de l'économie canadienne», a affirmé M. Harper, dont le gouvernement a de nouveau été attaqué par les trois partis de l'opposition pour sa gestion des finances de l'État.

Mardi, le ministre Flaherty a largué une bombe à Ottawa en affirmant qu'il prévoyait maintenant que le déficit dépassera les 50 milliards de dollars. Dans son dernier budget déposé en janvier, il avait prévu un déficit de 34 milliards. Dans son énoncé économique de novembre, il tablait sur un modeste surplus en 2009-2010.

«Il y a 37 jours, le ministre des Finances affirmait que le déficit serait de 34 milliards de dollars. Aujourd'hui, il affirme que ce déficit a bondi à 50 milliards de dollars, mais il ne dit pas combien ce sera de plus encore. Les Canadiens en ont assez de ces devinettes budgétaires. Quand le premier ministre va-t-il nous dire la vérité?» a lancé M. Ignatieff.

Encore une fois, M. Harper a rétorqué que le chef libéral n'a aucune crédibilité dans ce dossier, compte tenu que M. Ignatieff critique d'une part l'ampleur du déficit, mais réclame d'autre part de nouvelles mesures pour relancer l'économie. «Tout le monde connaît sa position sur le déficit. C'est simplement de l'hypocrisie», a dit M. Harper.

Nouvelles dépenses

Par ailleurs, le gouvernement fédéral a intégré dans ses nouvelles prévisions de déficit la totalité de ses investissements pour sauver le secteur automobile canadien.

Une évaluation sommaire indique qu'Ottawa a inscrit environ 7 milliards à titre de nouvelles dépenses, soit un peu moins que la moitié de la hausse de 16 milliards annoncée mardi.

Dans son dernier budget, le gouvernement Harper avait inclus seulement une somme de 2,7 milliards en prêts à GM Canada et à Chrysler Canada.

Cependant, comme les négociations pour sauver General Motors Corp. ne sont pas terminées et que le plan de restructuration de Chrysler évolue lentement en cour des faillites de New York, le coût total de l'opération de sauvetage des deux divisions canadiennes, pour Ottawa et le gouvernement de l'Ontario, n'était toujours pas établi.

Or, il semble que les sommes que pourraient consentir les deux niveaux de gouvernement seront beaucoup plus importantes.