En réponse aux attaques répétées et unanimes de l'opposition, le premier ministre Stephen Harper a réitéré sa confiance envers sa ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, et continué de la défendre, aux Communes, jeudi.

L'oubli la semaine dernière de documents secrets annotés par la ministre sur le réacteur nucléaire de Chalk River, dans la salle de nouvelles du réseau CTV, a encore une fois monopolisé la période des questions. C'est CTV qui a finalement alerté le cabinet de la ministre, mardi soir, puisque personne au gouvernement ne s'était aperçu que les documents avaient été égarés.

Questionnée sans relâche par les trois partis d'opposition, Mme Raitt a répété inlassablement en Chambre, comme la veille, que les procédures du gouvernement n'avaient pas été suivies et que la personne responsable lui avait depuis offert sa démission, qu'elle a acceptée. Son attachée politique de 26 ans a été remerciée de ses services.

Le premier ministre, Stephen Harper, s'est quant à lui levé de son siège à seulement deux reprises pour défendre sa ministre, lui laissant le soin de répondre aux multiples attaques de l'opposition.

«La ministre a agi en conséquence et j'appuie la ministre dans ses actions», a-t-il simplement répondu.

Mais les trois partis d'opposition ont sévèrement critiqué l'affaire, accusant la ministre d'incompétence et le premier ministre d'être inéquitable.

Quand l'ex-ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, a offert sa démission à M. Harper il y a un an, après qu'il eut oublié des documents confidentiels chez sa petite amie - dont les liens avec le milieu interlope commençaient à s'ébruiter -, le premier ministre l'avait acceptée, ont rappelé ses opposants.

«Je pense qu'il s'agissait d'un prétexte à l'époque pour se débarrasser de M. Bernier, pour d'autres raisons, et c'est pourquoi ils (les conservateurs) ont rédigé un code d'éthique. Maintenant, ils ont un sérieux problème de document égaré et ils ont changé d'idée, ils n'utilisent pas le code d'éthique, ce qui est un «double standard'», a reproché le chef bloquiste, Gilles Duceppe.

Un guide à l'intention des membres du cabinet de M. Harper, datant de 2008, indique que «le premier ministre tient les ministres et ministres d'Etat responsables de la sécurité de leur personnel, de leurs bureaux, de même que des documents confidentiels du Conseil privé de la Reine pour le Canada et d'autres documents délicats sous leur garde».

Et puisque les documents secrets du ministère ont passé six jours dans la salle de nouvelle du plus important réseau privé de télévision du pays, ils sont maintenant du domaine public, a pour sa part plaidé le critique libéral en matière de Ressources naturelles, David McGuinty.

«Vous n'avez aucune idée des personnes qui ont pu voir ces documents, aucune idée de celles qui ont pu passer dans cette salle d'attente. Le gouvernement doit maintenant jouer franc jeu et nous dire ce qui se trouvait dans ces documents, qui les a vus, quand est-ce qu'elle (la ministre) s'est aperçue les avoir égarés», a-t-il scandé.

Libéraux et bloquistes ont également déploré que les conservateurs fassent porter le blâme à la jeune attachée politique de Mme Raitt.

«Un premier ministre qui se cache derrière une femme de 26 ans n'est simplement pas digne d'être premier ministre», a estimé M. McGuinty.