Deux semaines après le chef conservateur Stephen Harper, c'était au tour de son homologue libéral Michael Ignatieff, jeudi soir, de faire une démonstration de force à Montréal avec ses militants.

Quelque 1100 billets à 500 $ chacun avaient été vendus pour un cocktail de financement du parti dans un hôtel du centre-ville.

Et si Stephen Harper avait reproché à Michael Ignatieff d'être le chef libéral le plus centralisateur de l'histoire de ce pays, M. Ignatieff a à son tour reproché à M. Harper de diviser le pays, d'avoir sali la réputation du Canada à l'étranger, d'avoir transformé un surplus financer en «gouffre d'au moins 50 milliards $» et de ne pas comprendre que la fédération «a besoin de coopération, pas de confrontation».

M. Ignatieff a été particulièrement applaudi quand il s'est porté à la défense de la culture, dénonçant les coupes conservatrices dans les programmes de soutien au rayonnement de la culture canadienne à l'étranger, des programmes qu'il entend rétablir.

Le chef du Parti libéral du Canada a aussi décrit Stephen Harper comme un homme qui «appartient au passé», un homme «dépassé, avec une idéologie dépassée».

Dans son allocution devant près d'un millier de militants libéraux, M. Ignatieff a aussi écorché le Bloc québécois, mais avec moins de mordant. Il a soutenu que le Bloc québécois n'est pas une solution pour un Québec meilleur et pas une solution pour se débarrasser de Stephen Harper.

«Les Québécois ont protesté, mais Stephen Harper est encore là, a-t-il déploré. Protester est un choix. Protester est un droit. Mais protester n'est pas une solution», s'est-il exclamé.

Libéraux prêts

La présence de M. Ignatieff à Montréal a attiré des militants libéraux de longue date, notamment les Marc Lalonde et Lise Bacon.

«Il n'y a pas de presse à mon avis», pour tenir des élections dès cet été, a opiné l'ancien ministre sous Trudeau, Marc Lalonde, qui dit avoir quitté la politique depuis 25 ans. Il était encore impressionné par Michael Ignatieff. «Il fera un premier ministre extraordinaire, le plus rapidement possible, mais ça ne veut pas dire qu'il faut faire une élection demain matin», a-t-il confié en entrevue.

Le prédécesseur de M. Ignatieff, Stéphane Dion, a admis que des élections cet été sont «une chose qu'on devra considérer». Il a souligné l'importance du rassemblement libéral, «un grand succès, qui montre à quel point les valeurs libérales et les objectifs libéraux sont forts au Québec».

L'ancien ministre libéral Martin Cauchon a vu dans ce rassemblement une preuve que «la reconstruction est bel et bien commencée au Parti libéral du Canada» et que le parti «sera prêt pour l'élection peu importe le moment où elle aura lieu». «On sent quelque chose qu'on n'avait pas senti depuis longtemps». M. Cauchon n'a pas voulu dire s'il serait personnellement de la course. «Je n'ai pas répondu oui, je n'ai pas répondu non, on va voir.»

Le lieutenant québécois de M. Ignatieff, Denis Coderre, a souligné l'importance de l'événement avec une pointe d'ironie. «Contrairement à l'autre événement de M. Harper, ce sont des gens de Montréal qui sont ici. On n'a pas eu besoin de faire venir des autobus. C'est notre façon aussi d'être environnementalistes.»