Empêcher les entreprises américaines d'obtenir des contrats au Canada, comme l'ont décidé une majorité de municipalités le week-end dernier, risque d'entraîner l'économie «dans une spirale de protectionnisme semblable à celle des années 30», craint le ministre des Finances, Jim Flaherty.

«Ce n'est pas l'action qui va aider nos industries, a déclaré le ministre hier matin lors d'une conférence de presse à Montréal. Nous devons discuter avec les Américains: les économies du Canada et des États-Unis doivent être en libre-échange. Nous ne voulons pas d'une escalade de mesures protectionnistes, ce ne serait pas dans notre intérêt.»

Pressé de questions sur cette proposition adoptée par une majorité de délégués lors de la rencontre de la Fédération canadienne des municipalités, à Whistler, en Colombie-Britannique, le ministre Flaherty a refusé de qualifier cette décision de «dangereuse». «C'est une inquiétude légitime des maires, mais ce n'est pas bon pour nos villes, nos provinces, pour le Canada.» L'assemblée de la FCM a voté cette résolution en réponse à la clause «Buy America», une des propositions du plan de relance de Barack Obama qui favorise l'achat de produits américains.

Le ministre Flaherty a fait cette déclaration en marge d'une annonce concernant le Plan d'action économique mis en place par son gouvernement en janvier dernier. En vertu d'ententes avec des institutions prêteuses, Ottawa a mis en place diverses mesures pour favoriser l'accès au crédit pour les particuliers et les entreprises. «Elles sont maintenant toutes pleinement fonctionnelles», a annoncé le ministre, qui précise que quelque 115 milliards de dollars ont ainsi été versés en prêts depuis le début de l'année.

Sans aller jusqu'à désapprouver les municipalités, son collègue Christian Paradis, ministre des Travaux publics, a renchéri un peu plus tard en matinée, lors d'un point de presse à Laval. «M. Harper a toujours été clair: les mesures protectionnistes comme la clause «Buy America», c'est néfaste, c'est mauvais pour l'économie. Mais je comprends que, dans la résolution de la Fédération canadienne des municipalités, il y avait un délai pour que les choses s'arrangent. Et je peux vous dire qu'on travaille pour que les choses s'arrangent.»

Interrogé à ce sujet, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a dit comprendre la préoccupation des maires face à des entreprises québécoises qui perdent des contrats aux États-Unis. La résolution de la FCM «aide dans le sens que les villes envoient un message» aux Américains, a-t-il dit lors d'un point de presse à Montréal.

Du même souffle, le premier ministre Charest a dit désapprouver le principe même du protectionnisme. «Il faut éviter de tomber dans une spirale de protectionnisme, sinon on sera les grands perdants».

Avec La Presse Canadienne