La ministre des Ressources naturelles, Lisa Raitt, qualifie la crise des isotopes médicaux d'enjeu «vendeur» en plus d'émettre des doutes quant à la compétence parlementaire de la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, dans une conversation enregistrée par erreur.

Le quotidien Halifax Chronicle-Herald a rapporté avoir obtenu un enregistrement où la ministre Raitt et son ancienne attachée de presse Jasmine MacDonnell tiennent des commentaires désobligeants à propos de la ministre fédérale de la Santé.

La conversation aurait été enregistrée par erreur le 30 janvier, peu après qu'une fuite d'eau lourde eut été signalée au réacteur nucléaire ontarien de Chalk River. Mme Raitt et son attachée de presse d'alors discutaient dans une voiture de leurs efforts infructueux visant à obtenir des citations de la part de Mme Aglukkaq pour la préparation d'un communiqué de presse au sujet de la crise des isotopes médicaux.

L'enregistrement révèle que Mme Raitt a dit vouloir recevoir le mérite de la gestion de la crise, un dossier qu'elle affirme être «vendeur».

Mme Raitt affirme que sa collègue à la Santé est une femme compétente, mais qu'il lui est difficile de travailler dans un parlement où règne la confrontation.

«J'espère qu'elle n'aura jamais un dossier «chaud' entre les mains», a affirmé Lisa Raitt, selon le Halifax Chronicle-Herald.

L'ancienne attachée de presse de la ministre avait demandé au tribunal une injonction interdisant la publication d'un article rapportant la conversation. L'affaire a été entendue d'urgence lundi après-midi par le juge Gerald Moir, qui a finalement donné raison au quotidien de Halifax et a permis la diffusion de l'article et de la conversation.

«Il n'est pas avisé de priver les médias, et le public qu'ils informent, de commentaires tenus en privé, mais qui ne sont pas confidentiels comme le sont des secrets commerciaux», a fait valoir le juge après avoir écouté la conversation, d'une durée de cinq heures et seize minutes.

Plus tôt dans la journée, à la Chambre des communes, Lisa Raitt n'avait pas voulu confirmer si les propos que lui attribuait le Halifax Chronicle-Herald étaient exacts.

Mme MacDonnell, 26 ans, a perdu son emploi la semaine dernière, soi-disant parce qu'elle était responsable de l'oubli de documents confidentiels dans les bureaux du réseau de télévision CTV.

Elle aurait aussi égaré son enregistreuse au Parlement, après une entrevue, il y a plusieurs mois. Un journaliste du Chronicle-Herald affirme avoir fait savoir à Mme MacDonnell qu'il était en possession de l'appareil - trouvé dans une salle de bain de la galerie de presse - mais que celle-ci n'est jamais allée le récupérer.

Lisa Raitt est dans l'eau bouillante depuis quelques semaines, en raison de la crise des isotopes médicaux et aussi à cause de documents oubliés au réseau CTV.

Lundi, le NPD a par ailleurs laissé entendre qu'elle avait dépensé de manière outrancière alors qu'elle était à la tête de l'organisme qui gère le port de Toronto.

Mme Raitt a offert sa démission au premier ministre la semaine dernière, mais ce dernier l'a refusée. La clémence de M. Harper en a fait sourciller plus d'un à Ottawa.

Les médias ont souligné que le député de Beauce, Maxime Bernier, n'avait pas été traité avec autant de magnanimité quand il avait oublié des documents chez son ex-copine Julie Couillard, il y a un an.

M. Bernier avait dû renoncer à son portefeuille des Affaires étrangères pour calmer la grogne. Il n'a pas encore été réintégré au conseil des ministres.

Tard lundi soir, un porte-parole de Stephen Harper a fait savoir que les ministres Raitt et Aglukkaq ont toujours la confiance du premier ministre.

«Cette histoire est peut-être embarrassante, mais elle n'affecte en aucune façon la capacité de la ministre (Raitt) de faire son travail», a dit le porte-parole Dimitri Soudas.