Michael Ignatieff ne pourra faire l'économie d'efforts et d'une stratégie précise pour séduire les Québécois. L'engouement pour le chef libéral paraît s'essouffler. On est loin de la lune de miel du mois d'avril où 45 % des Québécois estimaient qu'il ferait le meilleur premier ministre du Canada.

Selon le plus récent sondage CROP réalisé du 11 au 18 juin, désormais 35 % des gens jugent que le chef libéral serait le meilleur premier ministre, une seconde baisse, de quatre points de pourcentage, en autant de mois où le Bloc québécois a multiplié les attaques contre le chef libéral. L'enquête se déroulait pendant la partie de bras de fer entre MM. Harper et Ignatieff autour de possibles élections estivales. Les déboires de la ministre Lisa Raitt et la crise du réacteur de Chalk River ajoutaient à l'ambiance générale.Stephen Harper ne devrait pas se réjouir de ce refroidissement, il n'en profite pas. Seulement 14 % des gens voient le conservateur dans les souliers d'un premier ministre même s'il les chausse déjà. M. Harper perd un point de pourcentage par rapport au mois de mai; sa popularité a diminué de moitié depuis le départ de Stéphane Dion de la direction du PLQ.

Le néo-démocrate Jack Layton ferait l'affaire pour un Québécois sur quatre: 24 % voient en lui le meilleur premier ministre.

Pour Maïalène Wilkins, analyste de CROP, le message est clair pour M. Ignatieff. Il ne peut espérer surfer sur la nouveauté pour obtenir l'appui des Québécois. «Il devra aller plus loin, être plus précis sur ce qu'il propose au Québec», estime Mme Wilkins.

Même si la cote du chef recule, la popularité du PLC au Québec continue d'avancer en dents de scie. C'était une pointe en juin: 35 % des Québécois disaient vouloir voter libéral, trois points de pourcentage de plus qu'en mai. Inversement, le Bloc a perdu cinq points durant cette période, passant de 36 à 31 %. Les libéraux étaient quatre points derrière en mai, ils sont quatre points en haut en juin. Depuis le début de l'année, libéraux et bloquistes s'échangent la première place. En avril, le PLC détenait six points d'avance; en mars, le Bloc devançait son principal adversaire de cinq points.

Mais, de sondage en sondage, une lecture demeure inchangée. Les carottes sont cuites pour les conservateurs québécois. Ils étaient à 13 % en juin, après deux mois à 15 %. Depuis le départ de Stéphane Dion, ils n'ont jamais dépassé 18 % d'appuis, eux qui avaient récolté 22 % aux élections d'octobre 2008.

Le NPD fait un bond surprenant de cinq points, à 17 % dans ce sondage.

Chez les francophones, le Bloc mène avec 36 % des intentions de vote, suivi des libéraux six points derrière. Le NPD devance maintenant nettement les conservateurs à 17 % contre 12 %.

La satisfaction à l'endroit du gouvernement Harper s'est un peu améliorée, mais reste bien inquiétante pour les conservateurs québécois. Désormais 62 % des Québécois sont mécontents du gouvernement - 3 % de moins qu'en mai. une personne sur trois (34 %) est satisfaite, 2 % de plus que le mois précédent.

En août 2008, à deux mois des élections, 52 % des Québécois étaient satisfaits du gouvernement, contre 42 % de mécontents.