Une famille montréalaise d'origine pakistanaise lance un appel de dernière minute à la classe politique pour pouvoir rester unie, un juge ayant maintenu l'ordre de déportation contre les parents tout en permettant aux quatre enfants de demeurer au pays.

Sabir Mohammed Sheikh et sa femme Seema ont été transportés de leur domicile de Montréal jusqu'à un centre de détention, vendredi, au lendemain du jugement rendu par la cour fédérale.

Dans l'immédiat, ils ont obtenu d'être envoyés d'abord aux États-Unis en vertu de l'entente sur un «tiers pays sûr», mais craignent toujours d'avoir à retourner au Pakistan.

Sabir Mohammed Sheikh a soutenu que sa femme et lui risquaient d'être persécutés à Karachi pour des raisons politiques ou par l'ex-mari de l'une de ses filles qui a proféré des menaces de mort à leur endroit.

Leur avocat, Stewart Istvanffy, a affirmé ne plus avoir de recours légal et que seule la volonté politique pouvait éviter que les parents aient à laisser leur fille de cinq ans née au Canada sous la responsabilité de leurs autres enfants.

Les parents ont décidé de laisser Sabrina avec sa soeur Ashrah, 26 ans, et son frère Sami, 23 ans, tous deux étudiants. L'ordre de déportation de ces derniers est en révision et une autre soeur à Toronto a aussi obtenu la permission de rester au Canada pour l'instant. S'ils sont déportés, l'homme et la femme laisseront aussi derrière eux deux petits-enfants.

Entre-temps, Me Istvanffy en appelle d'une révision de l'ordre de déportation qui a été émis après que le couple eut menti sur la durée de la période passée à Dubaï après leur départ du Pakistan.

Sabir Mohammed Sheikh a argué qu'il n'avait jamais eu aucun statut légal à Dubaï, même s'il y a passé 20 ans. Il a dit avoir eu un visa de travail et être demeuré actif politiquement au Pakistan.

Me Istvanffy a affirmé que Sabir Mohammed Sheikh avait construit une bonne vie pour sa famille à Montréal et était devenu un membre respecté de sa communauté au cours des dix dernières années. L'avocat croit que les autorités devraient permettre à l'homme d'origine pakistanaise de demeurer au pays pour des raisons humanitaires.

«Politiquement, quelqu'un pourrait prendre une décision pour ne pas qu'ils soient déportés. Légalement, j'ai fait tout ce qui était possible», a dit l'avocat.

Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique Peter Van Loan, qui est responsable de l'Agence des services frontaliers du Canada, a dit ne pas pouvoir commenter un cas particulier, mais a noté qu'il était du devoir de l'agence de procéder à l'expulsion une fois tous les recours légaux épuisés.

«Le renvoi d'individus interdit de territoire est primordial pour maintenir l'intégrité du programme d'immigration, et pour assurer l'équité à ceux qui vivent au pays en toute légalité», a mentionné par courriel Christopher McCluskey.

La porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada, Kareen Dionne, a affirmé que «l'expulsion d'une personne n'était jamais prise à la légère», mais n'a pas pu dire s'il était exceptionnel qu'une famille soit ainsi divisée.

«Espérons qu'un juge examinera tout ça et déterminera qu'il s'agit d'un terrible non-sens de déporter une famille qui est si bien intégrée, qui apporte une grande contribution avec un tel soutien de la part de sa communauté», a fait valoir Me Istvanffy.

Les Sheikh sont arrivés au Canada en 2000 et ont obtenu le statut de réfugiés en 2001 en raison de l'engagement au Pakistan de Sabir Mohammed Sheikh et de l'assassinat de son père et de son neveu pour des raisons politiques.

En 2007, les autorités canadiennes ont soudainement décidé de révoquer le statut de réfugiés de la famille. Sabir Mohammed Sheikh croit que c'est l'ex-mari violent de l'une de ses filles, qui a été lui-même déporté au Pakistan, qui les a dénoncés par vengeance.