Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, demande aux conservateurs du Québec de révéler publiquement leur position quant à l'idée, défendue par le ministre conservateur Steven Fletcher, d'abolir le financement gouvernemental assuré aux partis politiques.

La semaine dernière, un ancien conseiller de Brian Mulroney, Adrew Stark, a signé dans le Globe and Mail une lettre d'opinion suggérant que le gouvernement abolisse la subvention annuelle de 1,95 $ versée au Bloc pour chaque vote obtenu lors des dernières élections. L'abolition de cette subvention au Bloc, arguait M. Stark, serait justifiée par le fait que le parti ne présente aucun candidat à l'extérieur du Québec.

Le ministre conservateur responsable de la réforme démocratique, Steven Fletcher, a répondu à cette proposition en déclarant cette semaine au Hill Times être favorable à l'abolition du financement gouvernemental des partis, parce que le Bloc québécois en retire l'essentiel de ses revenus. «Tous les Canadiens sont forcés de faire des contributions volontaires basées sur les résultats obtenus par chaque parti (lors d'élections). Je connais beaucoup de gens dans d'autres régions du pays qui ne sont pas heureux de voir que la majorité du financement d'un parti en particulier (le Bloc québécois) provient du financement des électeurs», a déclaré le ministre.

Questionné hier par Radio-Canada, le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis, a pourtant assuré que l'abolition des subventions, telle que défendue par le ministre Fletcher, toucherait tous les partis, et pas seulement le Bloc québécois.

Mais en conférence de presse ce matin, le chef bloquiste a interprété cette déclaration du ministre Fletcher comme étant une attaque dirigée «précisément» contre le Bloc. (Il a dit que), précisément, le Bloc ne pourrait recevoir de financement de l'État puisque nous ne présentons que des candidats au Québec. Je pense que c'est antidémocratique», a tonné M. Duceppe.

«M. Paradis tente d'emmitoufler ça en disant que ça toucherait tous les partis, mais le ministre Fletcher, lui, dit que ça toucherait précisément le Bloc, interprète M. Duceppe. J'aimerais entendre la position des conservateurs du Québec à ce sujet».

En 2008, l'État canadien a versé 2,6 millions au Bloc Québécois dans le cadre de ce programme de subvention, soit 86% de l'ensemble de son financement. Les conservateurs ont quant à eux reçu 10 millions (37% de tous leurs revenus) et le Parti libéral 7,7 millions (63%).

«Ce que M. Duceppe dit, ça ne tient pas debout. L'abolition de la subvention vise l'ensemble les partis; pas seulement le Bloc. Bien sûr, M. Duceppe fait du bruit avec cela parce que ce serait le Bloc qui paierait plus fort la facture, puisque ses partisans ne versent pratiquement pas d'argent au parti», croit M. Petit.

Le gouvernement conservateur avait tenté une première fois, en novembre dernier, d'abolir la subvention aux partis, mais avait dû reculer devant la menace d'être renversé par la coalition des partis d'opposition.