Le chef du NPD, Jack Layton, invite Stephen Harper à mettre de l'eau dans son vin s'il veut continuer à gouverner le pays cet automne et ainsi éviter un quatrième scrutin fédéral en cinq ans. Mais le premier ministre semble peu enclin à accepter ses exigences.

L'impasse semble donc totale entre le gouvernement minoritaire conservateur et les trois partis de l'opposition. Des élections fédérales paraissent inévitables, au moment où un nouveau sondage Ekos mené pour Radio-Canada place les libéraux et les conservateurs à égalité dans les intentions de vote à l'échelle nationale.Réagissant pour la première fois à la décision des libéraux de Michael Ignatieff, annoncée mardi, de renverser le gouvernement Harper dès la première occasion à la reprise des travaux parlementaires, prévue le 14 septembre, Jack Layton préfère nettement que le Parlement continue à fonctionner au lieu de se lancer dans une autre campagne électorale.

Mais pour ce faire, a-t-il insisté, il faut que le premier ministre accepte qu'il dirige un gouvernement minoritaire et agisse en conséquence au Parlement.

Selon M. Layton, il incombe à Stephen Harper de décider ou non si des élections auront lieu cet automne au Canada.

«Si M. Harper veut éviter des élections, il devra travailler avec les partis de l'opposition. S'il refuse de le faire, nous devrons avoir des élections», a-t-il dit en point de presse, jeudi à Halifax.

De manière plus précise, M.Layton espère que Stephen Harper reculera sur des questions qui tiennent à coeur aux néo-démocrates, comme la réforme de l'assurance emploi, la diminution des frais des cartes de crédit et la protection des pensions des aînés et des chômeurs.

Pas d'entente PC-NPD

Mais la perche tendue par M.Layton n'a pas trouvé preneur. Une heure avant sa conférence de presse, le premier ministre l'a pris de vitesse en déclarant qu'il ne voulait pas conclure d'entente avec son adversaire néo-démocrate.

En point de presse à Niagara-on-the-Lake, en Ontario, M. Harper a dit que selon lui, les Canadiens n'avaient pas apprécié l'entente en coulisses négociée entre les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes, l'hiver dernier, pour faire tomber son gouvernement et le remplacer par un gouvernement de coalition. M. Harper a affirmé qu'il n'a guère l'intention de se prêter à un tel jeu politique.

«Nous n'allons pas conclure des ententes en coulisses. Si les autres partis veulent soumettre des idées utiles et abordables afin de relancer l'économie, nous sommes prêts à les examiner», a-t-il dit.

Il a soutenu que le seul objectif de son gouvernement est de travailler à relancer l'économie. Il a répété que des élections fédérales pourraient mettre en péril la fragile reprise qui se manifeste.

«Pas une république de bananes»

De son côté, le Parti libéral a rejeté les prétentions des conservateurs, selon lesquelles un scrutin minerait la reprise.»Nous ne sommes pas dans une république de bananes. M. Harper doit s'habituer à vivre dans une démocratie», a affirmé le député libéral de Toronto-Centre, Bob Rae.

Il a ajouté que l'économie continuerait à rouler, même en campagne électorale, et que le premier ministre pourrait vaquer à ses occupations de chef de gouvernement en participant par exemple à des sommets à l'étranger. Stephen Harper doit rencontrer le président des États-Unis, Barack Obama, le 16 septembre à Washington, et se rendre la semaine suivante au sommet du G20, à Pittsburgh.

Scénarios possibles

Le scénario électoral le plus probable voudrait que le gouvernement Harper dépose une motion de voies et moyens durant la semaine du 14 septembre, vraisemblablement le 17. Cette motion permettrait d'adopter les crédits budgétaires et de mettre en oeuvre certains éléments du budget adopté en mars, notamment le crédit d'impôt pour la rénovation résidentielle.

Le vote sur cette motion en est un de confiance, qui met la survie du gouvernement en jeu. Cette stratégie forcerait les trois partis de l'opposition à renverser le gouvernement Harper sur une mesure fort populaire au pays. En outre, un vote de confiance le 17 septembre permettrait à Stephen Harper de profiter des retombées de sa visite officielle à Washington avant de partir en campagne électorale.