Le Parti libéral perd des plumes au Québec et les espoirs du chef Michael Ignatieff d'y faire des gains importants aux prochaines élections sont compromis.

Le chef libéral suscite ainsi beaucoup moins d'enthousiasme que lorsqu'il est arrivé à la tête du parti, il y a 10 mois. Les attaques soutenues du Bloc québécois et du Parti conservateur contre Michael Ignatieff, la bisbille entre Martin Cauchon et Denis Coderre et l'effacement du chef libéral durant l'été ont eu une influence sur les opinions des Québécois.

Résultat : le Parti libéral n'obtiendrait que 26% des voix au Québec si des élections fédérales avaient lieu aujourd'hui, révèle un sondage CROP-La Presse réalisé auprès de 1000 personnes, du 17 au 27 septembre derniers. Ce résultat est essentiellement le même que celui de Stéphane Dion aux dernières élections (24%).

Il représente aussi une baisse de quatre points de pourcentage par rapport au sondage réalisé en août (30%) et de neuf points comparativement à celui du mois de juin (35%). Ce score est aussi le pire obtenu par les libéraux au Québec depuis que Michael Ignatieff a pris les commandes du parti, en décembre dernier.

Toutefois, le sondage ne tient pas compte des retombées de la démission fracassante de Denis Coderre de son poste de lieutenant politique au Québec et de ses critiques selon lesquelles la garde rapprochée de M. Ignatieff de Toronto essaie de diriger l'aile québécoise du PLC.

À l'avantage du PCC

Le Parti conservateur du Canada tire avantage des ennuis des libéraux au Québec. En effet, les troupes de Stephen Harper obtiendraient 21% des voix si des élections fédérales avaient lieu aujourd'hui, une hausse de quatre points de pourcentage en un mois et une augmentation de huit points depuis juin. Aux dernières élections, les conservateurs avaient récolté 22% des suffrages et réussi à remporter 10 sièges.

Pour sa part, le Bloc québécois se maintient en tête avec 33% des intentions de vote, soit trois points de plus qu'en août. Le NPD voit quant à lui ses appuis passer de 18% en août à seulement 13% en septembre.

Case départ

Selon Maïalène Wilkins, directrice des projets de CROP, le Parti libéral est revenu à la case départ au Québec. «Le Parti libéral se retrouve avec un score similaire à celui qu'avait obtenu M. Dion l'année dernière. M. Ignatieff a connu son sommet en avril quand il a prononcé une série de discours au Québec et qu'il a démontré une certaine ouverture. Les gens étaient à l'époque un peu sous le charme. Mais depuis les appuis sont en baisse», a-t-elle ajouté.

Pour le Parti libéral, malgré le dépôt de la motion de censure, des élections sont loin d'être souhaitables. «Les libéraux tablaient sur des gains au Québec, mais ce serait le statu quo pour eux en ce moment. Et c'est certain que les événements des derniers jours ne viendront pas aider leur cause.»

Mince consolation, de tous les chefs fédéralistes, Michael Ignatieff est perçu par le plus grand nombre de Québécois comme le plus apte à occuper le poste de premier ministre. Mais encore là, sa cote est en forte baisse. Le chef libéral obtient un score de 28% en septembre, alors qu'il récoltait 35% en août et en juin, 39% en mai et 45% en avril.

Pour sa part, la cote de Stephen Harper remonte un peu : 23% des Québécois croient qu'il ferait le meilleur premier ministre, alors qu'ils étaient seulement 18% en août et 14% en juin. Le chef du NPD, Jack Layton, se maintient bien à ce chapitre puisque 23% des Québécois le désignent comme le meilleur premier ministre.

«C'est une véritable dégringolade pour les libéraux et Michael Ignatieff depuis juin. Il a bénéficié d'un capital de sympathie, mais il n'a pas réussi à en profiter», a noté Mme Wilkins.

À l'instar de ses appuis au Québec, le gouvernement Harper a vu augmenter quelque peu le taux de satisfaction des Québécois à son endroit au cours du dernier mois. Ainsi, 40% des Québécois interrogés se disent très ou plutôt satisfaits de sa performance, une hausse de trois points par rapport au mois d'août. Il s'agit de son meilleur score en 12 mois. À l'inverse, 55% des répondants se disent très ou plutôt insatisfaits - une baisse de six points - et 4% disent n'avoir pas d'opinion sur cette question.

Ce sondage comporte une marge d'erreur de plus ou moins trois points de pourcentage, 19 fois sur 20.