Pour la deuxième fois en moins de deux ans, le gouvernement Harper a dû repousser hier les attaques des partis de l'opposition au sujet d'un jeune sénateur conservateur et organisateur politique, Léo Housakos.

La Presse Canadienne a en effet révélé que la firme d'ingénierie BPR, où M. Housakos occupait jusqu'à tout récemment le poste de vice-président du développement des affaires, fait partie d'un consortium qui s'est vu attribuer en septembre un contrat visant à analyser l'avenir du pont Champlain, d'une valeur de 1,4 million de dollars.Le 20 mai dernier, Léo Housakos a organisé une activité de campagne de souscription à Montréal, pour laquelle avait été aménagée une section exclusive réservée à 48 invités de marque, dont deux membres du conseil d'administration de la société d'État responsable de gérer certains ponts fédéraux de la région de Montréal, et quatre haut placés de la firme BPR.

Quatre mois plus tard, Les ponts Jacques Cartier et Champlain inc., société de la couronne responsable d'attribuer le contrat, a annoncé que les gagnants de l'appel d'offres étaient le consortium composé des firmes BPR, Dessau, Cima Plus et Egis Structures et Environnement.

Ces informations ont donné des munitions supplémentaires aux partis de l'opposition, qui attaquent le gouvernement Harper depuis plusieurs jours au sujet de fonds publics dépensés pour des fins partisanes.

«Après avoir distribué des centaines de chèques avec le logo du parti, voilà qu'on apprend qu'une firme a obtenu un contrat du fédéral alors qu'elle comptait un sénateur conservateur parmi ses employés. Comment le premier ministre explique-t-il ce trafic d'influence et cette utilisation partisane de l'argent des contribuables?» a lancé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, au cours de la période de questions.

Le gouvernement s'est défendu en se dissociant du processus d'appel d'offres et en invitant les parlementaires à surveiller leurs paroles - les invitant à plusieurs reprises à les répéter à l'extérieur de la Chambre des communes, où ils ne sont pas à l'abri des poursuites judiciaires.

«Il s'agit ici d'allégations très sérieuses, a répondu le ministre des Travaux publics, Christian Paradis. Lorsqu'on parle de trafic d'influence, ce n'est pas peu dire. Mon collègue n'est pas sans savoir que la Société des ponts est une société indépendante du gouvernement et le contrat a été attribué de façon ouverte et transparente.»

Deuxième fois

Léo Housakos, 41 ans, a été nommé sénateur par le premier ministre Stephen Harper il y a moins d'un an. Militant adéquiste de longue date, il avait auparavant été conseiller du maire de Montréal, Gérald Tremblay.

En janvier 2008, M. Housakos avait été ramené à l'avant-scène lorsqu'une enquête menée par Radio-Canada et The Globe and Mail avait rapporté que lui et l'un de ses proches, l'attaché de presse du premier ministre Harper, Dimitri Soudas, étaient intervenus en faveur d'un promoteur immobilier de Montréal.

Le gouvernement avait là encore dû faire face aux tirs de l'opposition. Le Bloc, le NPD et le Parti libéral avaient toutefois cessé de poursuivre l'affaire après le témoignage des deux hommes devant un comité parlementaire.

M. Housakos est maintenant l'un des organisateurs principaux du Parti conservateur au Québec. Dix jours après que le contrat eut été attribué à BPR, il a avisé le conseiller sénatorial en éthique, Jean Fournier, qu'il avait démissionné de son poste de vice-président. Il serait toutefois toujours président de TerrEau, une filiale de BPR.

La firme d'ingénierie BPR est l'un des maîtres d'oeuvre du processus d'appel d'offres qui a mené au fiasco des compteurs d'eau, à Montréal.