Les libéraux de Michael Ignatieff ne s'entendent pas sur la vitesse à laquelle devrait être adopté un projet de loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques.

Hier, à la mi-journée, le chef libéral a affirmé que son parti se rangerait derrière les conservateurs pour réclamer que le projet de loi C-311, du NPD, soit renvoyé en comité afin de l'étudier plus en profondeur. Mais au moment du vote, 14 de ses députés présents ont plutôt appuyé les néo-démocrates et le Bloc québécois, qui souhaitent que le projet de loi C-311, qui comprend des objectifs contraignants de réduction des gaz à effet de serre, soit adopté avant l'importante conférence internationale de Copenhague.

 

Le chef du NPD, Jack Layton, avait jugé la position des conservateurs comme une tactique afin de retarder tout progrès dans la lutte contre les changements climatiques, et celle des libéraux comme un revirement de position inacceptable.

Un projet de loi presque identique avait en effet été approuvé par les trois partis de l'opposition, l'an dernier, mais n'avait pu être implanté en raison du déclenchement hâtif des élections à l'automne 2008.

«Cela prouve que c'est une décision politique, et non pas une question de principe», a estimé l'attaché de presse de M. Layton, Karl Bélanger, à l'issue du vote divisé des libéraux.

Au bureau du chef libéral, on a minimisé la division parmi les troupes, estimant qu'aucune ligne de parti n'avait été donnée.

«C'est une motion procédurale et c'est un projet de loi privé, a dit Jean-François Del Torchio, attaché de presse libéral. Il n'y a rien d'extraordinaire là-dedans.»

Plus tôt dans la journée, le critique libéral en environnement, David McGuinty, avait pourtant été catégorique. «On a besoin d'un minimum de 30 jours pour traiter du projet de loi comme on le doit, avait souligné M. McGuinty à la sortie du caucus libéral. Les choses ont changé beaucoup. Quand on l'a appuyé il y a un an et demi, deux ans, c'était avant l'arrivée de Barack Obama, c'était avant l'arrivée de trois projets de loi importants au Congrès américain.»

«On prend ça de façon responsable», avait-il ajouté, précisant que ça ne voulait pas dire que les libéraux, au final, ne voteront pas en faveur du projet néo-démocrate.

Le chef libéral a quant à lui réitéré la volonté de son parti d'adopter des mesures importantes et contraignantes dans la lutte contre les changements climatiques, même s'il appuyait une motion qui, concrètement, aura pour effet de retarder l'adoption de cibles ambitieuses de réduction des émissions.

La motion du Parti conservateur a finalement été adoptée par 169 votes contre 93, soulevant aussi la grogne des environnementalistes.

«Des discours et des promesses, ça ne vaut rien si on vote contre un projet qui démontre du leadership», a critiqué Dale Marshall, de la Fondation David Suzuki, en réponse aux propos de Michael Ignatieff.

Pour Steven Guilbeault, d'Équiterre, les libéraux font «de la petite politique», refusant de donner «une victoire» au NPD dans ce dossier.

«On ne s'explique pas pourquoi les libéraux appuient le gouvernement sur cette question, a souligné M. Guilbeault. Ils ont beaucoup plus de votes à perdre au Québec et en Ontario là-dessus qu'ils en ont à gagner dans l'Ouest.»