Les Canadiens se montrent de plus en plus sévères envers le chef du Parti libéral Michael Ignatieff. À un point tel qu'à peine 17,7 % des Canadiens croient qu'il est le meilleur homme pour occuper les fonctions de premier ministre, révèle un sondage exclusif réalisé par la firme Nanos pour le compte de La Presse.

Pour le chef libéral, il s'agit d'une chute brutale de près de 10 points de pourcentage par rapport au coup de sonde réalisé en août sur les qualités des chefs.

Résultat: les ennuis continuent de s'accumuler pour le chef libéral, qui a vu les appuis à son parti s'effondrer dans les sondages au cours des derniers mois au point où les libéraux ne font guère mieux que lorsque Stéphane Dion était aux commandes.

Pis encore, les libéraux ont été blanchis lors des élections partielles qui ont eu lieu dans quatre circonscriptions fédérales au pays lundi soir, terminant au troisième rang partout. Le Parti conservateur a remporté la victoire dans deux circonscriptions, dont celle de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, un bastion bloquiste depuis 1993.

Stephen Harper voit quant à lui sa valeur marchande augmenter auprès des électeurs. En effet, 34,8 % des Canadiens le choisissent comme le meilleur leader pour gouverner le pays, soit le double du score obtenu par M. Ignatieff.

La cote du chef du NPD, Jack Layton, qui a décidé de ne pas appuyer les efforts des libéraux pour provoquer des élections générales cet automne, est stable. Environ 15 % des personnes interrogées le voient comme le meilleur premier ministre.

Par ailleurs, le Parti conservateur détient toujours une solide avance sur les libéraux dans les intentions de vote. Si des élections avaient lieu aujourd'hui, les troupes de Stephen Harper obtiendraient 38 % de la faveur populaire, soit près de 10 points de pourcentage de plus que les libéraux de Michael Ignatieff (28,8 %). Au coup de sonde précédent, le Parti conservateur récoltait 39,8 % et le Parti libéral 30 %.

Les néo-démocrates de Jack Layton, pour leur part, recueilleraient 17,9 % des voix si des élections avaient lieu aujourd'hui, soit essentiellement le même score qu'au dernier scrutin (18 %).

Au Québec, le Bloc québécois demeure en tête, mais ses appuis sont en légère baisse. Les bloquistes obtiendraient 35,6 % des appuis (contre 39,4 % au dernier sondage), alors que les libéraux récolteraient 27,2 %, les conservateurs, 22,2 %, et les néo-démocrates, 11 %.

Selon Nik Nanos, président de la firme de sondages Nanos, ces résultats démontrent que les libéraux doivent donner un solide coup de barre s'ils veulent renverser cette tendance lourde en faveur des conservateurs. La décision de Michael Ignatieff de congédier son chef de cabinet Ian Davey pour le remplacer par Peter Donolo, l'ancien directeur des communications de Jean Chrétien reconnu pour ses talents de stratège, fait partie de ce coup de barre qui s'impose.

«Les conservateurs ont été en mesure de maintenir une avance de huit à dix points dans les intentions depuis quelque temps. Les libéraux doivent être très inquiets de voir les conservateurs consolider leurs appuis. Dans le passé, dès que le Parti conservateur détenait une avance de 10 points, il n'était pas en mesure de la maintenir. Mais ce n'est pas le cas en ce moment», a affirmé M. Nanos.

Selon lui, les conservateurs ont aussi l'avantage d'avoir un chef, Stephen Harper, qu'un grand nombre de Canadiens estiment être le meilleur pour occuper les fonctions de premier ministre. Il s'agit d'un avantage qui se traduit par une augmentation des votes dans la boîte de scrutin le jour des élections.

«Le rapport de force que détiennent les conservateurs à l'heure actuelle est lié à plusieurs facteurs. Le message selon lequel il ne faut pas avoir d'élections, la crise économique qui se résorbe et la perception de chaos au bureau de Michael Ignatieff favorisent les conservateurs», a affirmé M. Nanos.

Cela dit, M. Nanos n'écarte pas la possibilité d'un retour en force des libéraux s'ils réussissent à recentrer leur message aux électeurs.

Ce sondage a été réalisé auprès de 1005 Canadiens et comporte une marge d'erreur de plus ou moins 3,5 points de pourcentage, 19 fois sur 20. La marge d'erreur est toutefois plus élevée au Québec (plus ou moins 6,8 points de pourcentage) compte tenu du plus petit échantillon (213 personnes interrogées).