Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, mise sur la tenue d'une importante «conférence de grands penseurs» pour brasser de nouvelles idées et convaincre les Canadiens insatisfaits de la performance du gouvernement Harper d'appuyer son parti aux prochaines élections fédérales.

Cette conférence, promise par M. Ignatieff quand il a pris les commandes du Parti libéral il y a presque 12 mois, aura lieu à Montréal du 14 au 16 janvier.

En organisant une telle conférence, le chef libéral s'inspire des Jean Chrétien et Lester B. Pearson pour remettre son parti sur les rails avant la prochaine bataille électorale.

En 1991, Jean Chrétien, alors dans l'opposition, avait organisé une conférence d'experts à Aylmer. Elle a permis de générer des idées audacieuses qui ont donné naissance au fameux Livre rouge du Parti libéral avant les élections fédérales de 1993. Le Livre rouge a connu un tel succès que les libéraux en ont rédigé un deuxième pour les élections de 1997 et un troisième pour le scrutin de 2000. Et les libéraux de Jean Chrétien ont remporté trois victoires majoritaires de suite.

En 1960, Lester B. Pearson, également dans l'opposition, avait aussi réuni de grands penseurs à l'occasion de la «conférence de Kingston». Élu à la tête d'un gouvernement libéral minoritaire en 1963 et en 1965, M. Pearson a lancé des réformes sociales avant-gardistes, notamment l'accès universel aux soins de santé, les prêts aux étudiants pour des études postsecondaires, le bilinguisme, le régime de pensions du Canada. Son gouvernement a aussi adopté le drapeau canadien.

Selon des stratèges libéraux, Michael Ignatieff compte profiter de la tenue de la conférence à Montréal pour redéfinir son image et celle de son parti auprès des électeurs. Car à l'heure actuelle, les Canadiens jugent sévèrement la performance du chef libéral parce qu'il n'a guère réussi à se démarquer du premier ministre Stephen Harper dans plusieurs dossiers, en particulier l'économie et l'environnement ou encore la guerre en Afghanistan.

Après avoir réussi à propulser son parti en tête dans les intentions de vote au pays au printemps, M. Ignatieff a vu les appuis aux libéraux s'effondrer de manière spectaculaire. Cette chute s'est amorcée en juin après que le chef libéral eut brandi la menace de renverser le gouvernement minoritaire conservateur. Il a dû battre en retraite deux jours plus tard.

Et en août, le chef libéral a annoncé son intention de provoquer la chute du gouvernement Harper aux Communes à la première occasion afin de forcer la tenue d'élections générales cet automne. Les efforts de M. Ignatieff se sont soldés par un échec après que les députés du NPD eurent décidé de s'abstenir durant le vote sur la motion de censure déposée par les libéraux.

Aujourd'hui, les appuis aux libéraux se trouvent sous la barre des résultats obtenus au dernier scrutin par le Parti libéral (26%), alors dirigé par Stéphane Dion.

Le dernier sondage national publié samedi dans le quotidien The Toronto Star accorde une avance de 15 points au Parti conservateur. Si des élections avaient eu lieu aujourd'hui, le Parti conservateur aurait récolté 38%, le Parti libéral 23%, le NPD 17% et le Parti vert 10%. Ce sondage a été réalisé du 14 au 16 novembre auprès de 1005 personnes et comporte une marge d'erreur de plus ou moins 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.