Le président des États-Unis, Barack Obama, semble avoir donné une nouvelle impulsion à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui aura lieu à Copenhague du 7 au 18 décembre.

Alors que plusieurs craignaient l'échec de cette rencontre cruciale pour l'après-Kyoto, la décision de M. Obama de s'y rendre le 9 décembre afin de présenter les objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) des États-Unis (17% d'ici à 2020 par rapport à 2005) a conduit la Chine jeudi à annoncer pour la première fois un objectif chiffré de réduction de GES (de 40 à 45% d'ici 2020 par rapport à 2005) et convaincu le premier ministre Stephen Harper de finalement se rendre à Copenhague.La volte-face de M. Harper, survenue 24 heures après qu'il eut affirmé ne pas avoir l'intention de participer à la conférence si les leaders des grands émetteurs n'y étaient pas, a été confirmée après que la Chine eut causé une certaine surprise en mettant des objectifs précis de réduction sur la table.

La Chine et les États-Unis sont les plus gros émetteurs de la planète et d'aucuns se tournent vers ces deux pays pour que les négociations de Copenhague soient couronnées de succès.

Le bureau de M. Harper, qui a quitté le pays jeudi afin de participer en fin de semaine au sommet du Commonwealth de Trinité-et-Tobago, n'a toutefois pas précisé quand le premier ministre se rendra à Copenhague. La semaine prochaine, M. Harper doit effectuer sa toute première visite officielle en Chine (2 au 6 décembre).

Jusqu'ici, 65 leaders ont confirmé leur présence au sommet des chefs d'État prévu dans le cadre de la conférence sur les changements climatiques le 17 décembre. On ignore si M. Obama, qui sera à Copenhague le 9 décembre avant de se rendre le lendemain à Oslo pour recevoir son prix Nobel de la paix, participera aussi au sommet des chefs.

Hier, les partis de l'opposition ont réagi à la volte-face de M. Harper en disant douter de ses intentions. «Il ne va pas là comme premier ministre. Il va là comme agent d'affaires des pétrolières», a lancé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

Le chef du NPD, Jack Layton, a affirmé que M. Harper a décidé de retirer «sa tête des sables bitumineux» en acceptant de se rendre à Copenhague.

Ces rebondissements sont survenus le jour même où le chef libéral Michael Ignatieff annonçait la nouvelle politique environnementale de son parti dans un discours à l'Université Laval.

Il a aussi accusé le gouvernement Harper d'être en train de rater la révolution verte qui pointe à l'horizon en refusant d'investir massivement dans le développement d'énergies renouvelables. M. Ignatieff a promis qu'un prochain gouvernement libéral fera du développement et de l'exploitation des énergies renouvelables la pierre angulaire de sa politique environnementale. L'objectif serait de multiplier par quatre d'ici 2017 la proportion d'énergies renouvelables utilisées par les Canadiens.

«Voilà une façon concrète de souligner le 150e anniversaire du Canada. Cela veut dire: développer l'énergie solaire, l'énergie éolienne, la géothermie, l'hydrogène. Nous investirons aussi dans la valorisation de la biomasse, car nos agriculteurs et nos travailleurs forestiers aussi doivent profiter des occasions créées par une économie durable. Nous investirons aussi dans l'efficacité énergétique parce que l'énergie la plus verte sera toujours celle dont on réussit à se passer», a affirmé M. Ignatieff.

Il a affirmé qu'un gouvernement libéral se donnerait une cible «ambitieuse» de réduction des gaz à effet de serre avec 1990 comme année de référence, et non pas 2006. Toutefois, M. Ignatieff n'a pas précisé cette cible dans son discours, mais des sources ont indiqué que l'effort de réduction serait de 17 à 20%.

Au lieu d'imposer une taxe sur le carbone, comme le préconisait le Parti libéral sous Stéphane Dion aux dernières élections, M. Ignatieff adopte maintenant l'idée d'instaurer un système de plafonnement et d'échange de carbone, également connu sous le nom de «cap and trade». «Ce système consiste à mettre un prix sur le carbone», a affirmé M. Ignatieff.

Le chef libéral a accusé le gouvernement Harper de tout faire pour saboter les négociations sur les changements climatiques. «Après quatre ans et trois ministres de l'environnement, le Canada n'a toujours pas de plan, seulement des excuses et des prétextes pour ne pas agir. Stephen Harper a mis fin au principal programme d'efficacité énergétique au Canada. Il est en train de passer à côté de l'enjeu du siècle: le développement des énergies renouvelables», a dit le chef libéral.

Il a affirmé que l'investissement mondial dans les énergies renouvelables a atteint 150 milliards l'an dernier et que, cette année, la Chine à elle seule a annoncé un programme de développement des énergies propres de 250 milliards.

«Aux États-Unis, toutes proportions gardées, l'administration Obama investit six fois plus que le Canada en recherche et développement sur les nouvelles énergies propres. Au Canada, à peine 1% de notre énergie est d'origine solaire ou éolienne. Comment le Canada a-t-il pu tomber si bas?» a demandé M. Ignatieff.