Il se targue d'avoir été l'ami de Yasser Arafat, et Fidel Castro aurait dit qu'il est le seul capable de parler plus longtemps que lui.

Le coloré, très volubile et parfois controversé sénateur montréalais Marcel Prud'homme prendra sa retraite du Sénat lundi prochain, le jour de ses 75 ans et après 45 ans de vie parlementaire.

 

Ce doyen du Parlement a été nommé sénateur indépendant par Brian Mulroney en mai 1993, après 30 ans passés à la Chambre des communes comme député libéral de la circonscription montréalaise de Saint-Denis.

Une quinzaine d'années plus tard, le passionné d'affaires étrangères a fait son discours d'adieu au Sénat mercredi, un discours de près de 30 pages qu'il a intitulé: Pour l'avenir du Canada.

Précédé par les hommages rendus par une dizaine de sénateurs, celui qui a servi sous 10 premiers ministres depuis son élection en 1964 a plaidé en faveur d'une plus grande collaboration entre parlementaires, pour la parité hommes-femmes au Sénat et pour une implication accrue des jeunes dans le débat public, en plus de critiquer la place qu'occupe aujourd'hui le Canada dans le monde.

Apologie de la diplomatie

La majeure partie de son discours a été occupée par son thème de prédilection: le Moyen-Orient. Il a insisté sur l'importance de résoudre les conflits par le dialogue, le compromis et la diplomatie.

Le sénateur Prud'homme est aussi revenu brièvement sur les raisons qui l'ont mené à claquer la porte du Parti libéral, il y a 15 ans. «Toute ma vie, j'ai défendu la politique étrangère de mon pays», a-t-il déclaré, évoquant la résolution 181 des Nations unies sur la création d'un État juif et d'un État palestinien vivant côte à côte.

«Toute ma vie il s'est trouvé des gens pour me le reprocher.»

Dans une récente entrevue avec La Presse, le sénateur a raconté comment il avait un matin «perdu patience», après des années de désaccord avec des membres de son parti dans ce dossier. «Je me suis levé à la réunion de stratégie, fin mai 93, j'étais président du caucus du Québec. J'ai dit: «J'en ai assez de vous autres, ça fait 30 ans que je vous endure!» Je suis sorti. Je suis allé au bureau de M. Mulroney, et à 4h ce jour-là, j'étais au Sénat.»