Le premier ministre Stephen Harper s'envole ce matin pour son premier voyage officiel en Chine, après près de quatre ans à la tête du pays.

Les droits de la personne, sujet de frictions entre les deux pays, l'environnement, à quelques jours de la conférence de Copenhague, mais surtout l'économie et les échanges commerciaux devraient être au coeur des discussions dans un véritable marathon asiatique.

En effet, le premier ministre arrivera à Pékin demain en fin d'après-midi (heure locale). Il se rendra jeudi à la Grande Muraille de Chine, rencontrera le président chinois Hu Jintao, puis le premier ministre Wen Jiabao au cours d'une cérémonie de bienvenue. Le lendemain, après une visite à la Cité interdite et un saut à l'École internationale canadienne de Pékin, le premier ministre prendra l'avion pour Shanghai, où il prononcera, vendredi soir, un discours devant la Chambre de commerce de la métropole économique chinoise et le Conseil commercial Canada-Chine.

M. Harper visitera samedi le pavillon du Canada à l'Exposition universelle de Shanghai, qui se tiendra du 1er mai au 31 octobre 2010. Le premier ministre terminera ensuite son séjour en sol asiatique (son deuxième en moins d'un mois), par un saut à Hong-Kong et un arrêt à Séoul, en Corée du Sud, où il prononcera une allocution à l'Assemblée nationale sud-coréenne, et rencontrera notamment le président sud-coréen, Lee Myung-bak.

En prévision du départ, hier, l'attaché de presse du premier ministre, Dimitri Soudas, a nié que les relations entre le Canada et la Chine se sont refroidies depuis l'arrivée en poste de M. Harper.

«Notre position a été constante, a-t-il estimé. C'est une relation que le premier ministre a toujours vue comme une relation positive, respectueuse et franche. Il y a des dossiers où nos deux gouvernements sont sur la même longueur d'onde et travaillent en collaboration. Mais il y a aussi des dossiers où il y a des désaccords.»

En 2006, le premier ministre Harper avait soulevé la consternation chez les dirigeants chinois - et les gens d'affaires canadiens -, en affirmant que le Canada ne braderait pas sa position ferme sur les droits de la personne pour pouvoir profiter davantage de l'économie florissante du géant asiatique. La Chine ne s'était alors pas cachée pour faire savoir son mécontentement. Contrairement à plusieurs chefs d'État et de gouvernement, M. Harper avait aussi préféré déléguer son ministre des Affaires étrangères, David Emerson, pour représenter le Canada aux cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, en 2008.

Pour l'opposition à Ottawa, l'enjeu des droits de la personne est d'autant plus sensible que le gouvernement Harper est aux prises, au Parlement, avec une controverse qui soulève ces mêmes questions: les allégations de torture dont auraient été victimes les prisonniers transférés par le Canada aux autorités afghanes entre 2006 et 2007. Les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes estiment que le refus du gouvernement de déclencher une commission d'enquête publique laisse

planer un doute que les conservateurs ont quelque chose à se reprocher dans cette affaire. «Bien évidemment, M. Harper va être mal placé (pour parler des droits de la personne), et les Chinois sont assez habiles pour le lui rappeler», a dit le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

Une question primordiale

Le chef du NPD, Jack Layton, estime que M. Harper se doit tout de même de soulever la question avec les dirigeants chinois.

«Notre position comme gouvernement canadien n'est pas aussi forte à cause de cette controverse concernant le transfert des détenus», a-t-il toutefois déploré.

Selon Amnistie internationale Canada, la question des droits de la personne doit «être au coeur de toutes les visites en Chine», peu importe les préoccupations quant aux pratiques du gouvernement canadien en Afghanistan.

«La liberté d'expression, la liberté de religion, d'association, les droits des militants pour les droits de la personne, les droits des journalistes, les cas de personnes détenues et torturées en Chine, ce sont les sujets que nous espérons que le gouvernement va soulever là-bas», a dit Lindsay Mossman, d'Amnistie internationale.