Le nouveau plan d'action pour les troupes canadiennes en Afghanistan ne changera rien à l'objectif d'Ottawa de rapatrier ses soldats en 2011, a affirmé hier le ministre de la Défense, Peter MacKay.

Quelques heures avant le discours du président américain, Barack Obama, sur son propre plan pour la région, le directeur des opérations du commandement sud de l'OTAN en Afghanistan, le brigadier général Frederick Hodges, a annoncé que les troupes canadiennes seraient déplacées dans les prochaines semaines à quelques kilomètres au nord de leur position actuelle, dans le district d'Arghandab.

 

«Le ministre de la Défense nationale peut-il confirmer que ce redéploiement ne change rien à la fin de la mission de tous les soldats canadiens en Afghanistan, en juillet 2011?» a demandé au ministre MacKay le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, lors de la période de questions, hier.

«Oui, je peux le confirmer», a répondu Peter MacKay.

Lors d'un discours à l'académie militaire de West Point, le président Obama a annoncé hier soir qu'il enverrait 30 000 soldats supplémentaires dans les plus brefs délais en Afghanistan et qu'il amorcerait leur retrait en juillet 2011. Il s'agit d'une bonne nouvelle pour la Défense canadienne, selon l'expert militaire Jack Granatstein, de l'Institut canadien de la défense et des affaires étrangères.

«Ça veut dire que nous aurons plus de troupes fiables pour se battre à nos côtés, a-t-il dit. Ça ne sert à rien d'avoir les Allemands, les Italiens ou les Portugais. Ils ne se battent pas.»

Cet ancien patron du Musée de la guerre à Ottawa ne croit toutefois pas que l'annonce de Barack Obama affectera les plans de retrait du Canada. «Le fait qu'Obama n'a pas appelé Harper pour lui parler du discours, mais que le vice-président l'a fait, est un indice que les Américains acceptent que nous partions», a-t-il indiqué.

Lundi, M. Obama a pris contact avec les dirigeants de plusieurs pays alliés pour leur parler de sa stratégie, mais le premier ministre Stephen Harper a été laissé à l'écart.

Selon un autre expert militaire, interviewé à CBC, cela ne veut pas nécessairement dire que le Canada n'aura plus aucune pression venant du sud de la frontière. «Je pense que ça va inciter le Canada à penser à d'autres manières - si ce n'est pas un rôle de combat - de contribuer à la mission après 2011», a indiqué Mark Sedra, du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale.

Le plan présenté hier par le président américain comprend d'ailleurs une dimension civile, comme le développement, dimension que le gouvernement et l'opposition ont souvent évoquée pour la suite des choses.

En attendant, cependant, le redéploiement des troupes canadiennes dans un secteur plus petit et qu'ils ont déjà occupé ne signale pas le début d'une retraite paisible pour ces quelque 2800 militaires qui ont perdu 133 des leurs depuis leur arrivée au pays en 2002.

«On est encore là pour deux ans et c'est un secteur chaud, a lancé Jack Granatstein. Toute la province de Kandahar est remplie de talibans.»

 

MOTION POUR UNE ENQUÊTE PUBLIQUE

La Chambre des communes a adopté hier une motion réclamant une enquête publique sur les transferts de détenus aux autorités afghanes par les autorités canadiennes. Le gouvernement n'a toutefois pas l'obligation de se plier à cette initiative du NPD, qui a reçu l'appui de 146 députés, 129 ayant voté contre. Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a dépeint la motion comme étant non nécessaire et motivée par des fins partisanes.