À la Grande Muraille de Chine, les touristes sont nombreux, à Badaling, même par un petit matin glacial du mois de décembre. Il y a même quelques Canadiens, de Colombie-Britannique, rencontrés par hasard, et qui arborent fièrement les mitaines rouges des Jeux olympiques de Vancouver 2010.

Le premier ministre Stephen Harper est, quant à lui, venu faire quelques pas, avec son épouse Laureen, sur l'imposante structure qui s'étend sur près de 6700 km dans le nord de la Chine. Sa réaction devant l'immensité de la construction humaine tient en un mot : «Incroyable !»

Si les Canadiens sont nombreux à visiter l'empire du Milieu chaque année, le flux inverse de touristes pourrait augmenter de façon exponentielle prochainement. En marge de la visite du premier ministre Stephen Harper en sol chinois, le gouvernement de Pékin a annoncé, jeudi, qu'il accordait au Canada le statut de destination approuvée par les autorités chinoises, facilitant et encourageant ainsi des dizaines de milliers de touristes éventuels à voyager de l'autre côté du Pacifique.

La mesure pourrait donc représenter une mine d'or pour l'industrie touristique canadienne ; des revenus potentiels de 100 millions de dollars par année, estime Ottawa.

L'imposante population chinoise - 1,3 milliard d'habitants - et l'accession, pour de plus en plus d'entre eux, à des conditions de vie qui permettent ce genre de voyage à l'étranger feront très certainement saliver les agences de tourisme. Le Canada compte aussi 1,3 million de citoyens d'origine chinoise, dont la plupart ont encore de la famille dans l'empire du Milieu.

Ainsi, la nouvelle mesure pourrait attirer de 40 000 à 50 000 touristes chinois supplémentaires au Canada chaque année, évalue le gouvernement fédéral.

«Cela pourrait faire augmenter le tourisme chinois de 50 %», s'est réjoui Stephen Harper, à l'issue de rencontres bilatérales avec le président Hu Jintao et le premier ministre chinois Wen Jiabao.

«Ça va grandement profiter au Canada et ça arrive au moment opportun, surtout à l'approche des Jeux olympiques», a-t-il ajouté à la fin de la deuxième journée de son voyage en sol chinois, son premier depuis qu'il est entré en poste, il y a presque quatre ans.

Le gouvernement fédéral avait fait la demande aux autorités chinoises en 2005. Depuis cette date, des dizaines de pays ont été ajoutés à la prestigieuse liste des destinations approuvées, dont les États-Unis, en 2008.

«Ça aurait dû se faire il y a quatre ans, mais ça n'a pas été le cas à cause de l'attitude du gouvernement Harper envers la Chine. Les États-Unis et la plupart des pays européens ont déjà obtenu le même statut. Quand la Chine a signé (jeudi matin), elle a montré de la bonne volonté», a critiqué Loïc Tassé, politologue spécialiste de la Chine qui enseigne à l'Université de Montréal.

Cinq protocoles d'entente

La Chine et le Canada ont aussi annoncé, à l'issue des rencontres diplomatiques, la conclusion de cinq protocoles d'entente ; sur les changements climatiques, sur la coopération culturelle, sur la recherche et la formation dans le domaine agricole, sur les ressources minérales et sur le transport maritime.

En matière d'environnement, notamment, les deux gouvernements ont convenu de collaborer dans leurs efforts pour «atténuer les changements climatiques et s'y adapter». L'accord survient à quelques jours de l'ouverture de la conférence de Copenhague sur les changements climatiques, à laquelle les premiers ministres canadiens et chinois participeront.

Dans une déclaration commune, les deux pays ont convenu d'accroître le commerce bilatéral, qui se chiffrait en 2008 à plus de 53 milliards. Le Canada importe toutefois quatre fois plus qu'il exporte en Chine et doit donc convaincre les autorités chinoises d'acheter davantage de produits et services canadiens.

Les deux pays ont par ailleurs aussi fait l'annonce de l'ouverture prochaine d'un nouveau consulat de la Chine à Montréal. Le premier ministre Harper a souligné qu'une «nouvelle ère» s'ouvrait entre les deux pays.

La déclaration commune des deux gouvernements va plus loin, en ajoutant que les nouvelles mesures prises sont «des nouvelles façons d'accroître l'interaction entre les populations» et qu'elles favoriseront «une circulation accrue de touristes, d'élèves et de gens d'affaires entre les deux pays».

Après une journée très politique, le premier ministre Harper visitera aujourd'hui la Cité interdite, au coeur de Pékin, avant de se rendre en soirée à Shanghai prononcer un important discours économique. Puis, son voyage en Asie se poursuivra à Hong-Kong avant de se terminer à Séoul, en Corée du Sud.

- Avec la collaboration de Vincent Brousseau-Pouliot