Les efforts de médiation entre le gouvernement et les trois Canadiens qui accusent Ottawa d'avoir été complice dans leur emprisonnement et leur torture à l'étranger pourraient s'avérer vains. Après l'échec des pourparlers, les deux parties se dirigent vers la tenue d'un procès.

Abdullah Almalki, Ahmad El Maati et Muayyed Nureddin poursuivent le gouvernement fédéral à la Cour supérieure de l'Ontario pour sa prétendue complicité dans leur détention et les mauvais traitements qu'ils ont subis à l'étranger.

Le gouvernement fédéral estime qu'il n'est pas responsable pour le sort réservé à l'étranger aux trois hommes et ce, malgré le rapport d'une commission d'enquête qui blâme partiellement le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

De nouvelles correspondances adressées au tribunal par les avocats des trois hommes révèlent que les pourparlers prévus dans le cadre de la médiation avaient échoué lorsque l'avocat du gouvernement a adopté une position «qui élimine toute possibilité de résolution».

La commission d'enquête dont le rapport a été déposé en octobre, avait conclu que les autorités canadiennes avaient contribué à la torture des trois hommes en partageant des renseignements -notamment des informations sans fondement au sujet de leurs présumés liens avec des extrémistes- avec des services de renseignement étrangers.

Aucun de ces hommes -qui se trouvent tous au Canada aujourd'hui et nient avoir été impliqués dans des activités terroristes- n'a été accusé de quoi que ce soit. Ils souhaitent obtenir une compensation pour les supplices qui, disent-ils, ont entaché leur réputation et qui leur ont laissé des séquelles physiques et psychologiques.

M. Almlki s'est dit «extrêmement déçu» de l'issu de la médiation.

Le secrétaire général de la branche canadienne d'Amnistie Internationale, Alex Neve, a qualifié ces derniers développements de «scandaleux», affirmant que le gouvernement n'agissait pas de bonne foi.

Mais les conservateurs ont refusé de soutenir le requête déposée jeudi par l'opposition qui demande au gouvernement d'adhérer aux recommandations clés du comité des Communes sur la sécurité publique, qui réclame notamment à Ottawa de s'excuser davantage et de verser une indemnité aux trois hommes.