Durant une période de questions survoltée à la Chambre des communes, tous les partis de l'opposition ont réclamé mercredi la tête du ministre de la Défense, Peter MacKay, des excuses du gouvernement au diplomate Richard Colvin et une enquête publique dans les allégations de torture de prisonniers transférés par le Canada aux autorités afghanes.

C'est la volte-face du chef d'état-major des Forces armées canadiennes, Walter Natynczyk, plus tôt dans la journée, qui a soulevé l'indignation des députés. Le Général Natynczyck est revenu sur ses affirmations de la veille en disant qu'un détenu transféré vers juin 2006 par des militaires canadiens à la police nationale afghane avait été torturé.

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement, dont le ministre MacKay, affirme qu'il n'y a jamais eu d'allégation prouvée de torture de détenus transférés par le Canada.

Le premier ministre Stephen Harper s'est tenu aux côtés de son ministre et ne s'est pas rendu aux demandes de l'opposition.

La voix parfois enterrée par les cris et chants scandés dans la salle pour réclamer sa démission, Peter MacKay et le premier ministre Harper ont déclaré que le général avait confirmé ce qu'ils affirment depuis plusieurs semaines : chaque fois qu'il a été alerté de manière crédible, le gouvernement a agi.

«Je ne m'excuserai jamais de me tenir debout aux côtés des braves hommes et femmes» des forces armées, a ajouté M. MacKay.

Il a affirmé n'avoir été mis au courant du nouveau rapport dévoilé par le général que mercredi matin et qu'une enquête militaire serait menée dans le dossier. Il a souligné que les militaires étaient stressés sur le champ de bataille et qu'il existait plusieurs versions quant à l'incident du prisonnier torturé.

L'opposition a demandé pourquoi le document n'avait refait surface qu'aujourd'hui - plus de trois ans après avoir été écrit et plusieurs semaines après que l'opposition questionne le gouvernement sans relâche pour faire la lumière sur les allégations de torture de prisonniers afghans.

C'est le témoignage du diplomate Richard Colvin qui a mis le feu aux poudres. Celui qui était un haut placé à l'ambassade canadienne en 2006 et 2007 à Kaboul a affirmé devant un comité parlementaire spécial que tous les prisonniers transférés par le Canada avaient vraisemblablement été torturés. M. Colvin, qui occupe maintenant un autre poste de haut vol à l'ambassade canadienne à Washington, a dit avoir tenté d'alerter ses supérieurs, notamment dans plusieurs mémos, mais sans succès.

L'opposition souhaite la mise sur pied d'une commission d'enquête pour déterminer entre autres pourquoi, malgré ces mises en garde et ces allégations, le gouvernement n'a changé son protocole de transfert de détenus qu'en mai 2007.