Le premier ministre Stephen Harper a confirmé hier à La Presse que c'est bien Michaëlle Jean qui, à titre de représentante de la reine Élisabeth II au Canada, lira le prochain discours du Trône le 3 mars.

Il a ainsi fait taire les rumeurs persistantes selon lesquelles il s'apprêtait à confier à quelqu'un d'autre le poste de gouverneur général. Mme Jean est en poste depuis quatre ans.

 

Le mandat du gouverneur général n'a pas de limite constitutionnelle. Mais historiquement, les gouverneurs généraux ont servi entre quatre et six ans. À titre d'exemple, la prédécesseure de Mme Jean, Adrienne Clarkson, a occupé ses fonctions pendant six ans.

Avant elle, l'ancien gouverneur général Roméo LeBlanc, qui est décédé en juin dernier, avait été en poste pendant quatre ans et demi.

Michaëlle Jean a prêté serment le 27 septembre 2005. Elle a été nommée par l'ancien premier ministre libéral Paul Martin. Mme Jean aurait fait savoir à l'entourage de M. Harper au cours des derniers mois qu'elle était prête à demeurer en poste, mais cette option n'aurait pas soulevé l'enthousiasme des collaborateurs du premier ministre, dit-on.

En principe, M. Harper devrait donc nommer un nouveau gouverneur général dans l'année qui vient s'il respecte la moyenne des mandats accordés au représentant de la reine Élisabeth II au Canada. Cette dernière doit d'ailleurs faire une visite officielle au pays du 28 juin au 6 juillet. Elle sera notamment à Ottawa à l'occasion des célébrations entourant la fête du Canada.

Discorde

Les relations entre Mme Jean et Stephen Harper ont parfois été tendues depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, en 2006.

En septembre 2008, La Presse avait révélé que Mme Jean serait intervenue auprès de M. Harper pour qu'il rapatrie au Canada le jeune Omar Khadr, toujours détenu dans la prison américaine de Guantánamo, à Cuba. M. Harper avait toutefois nié cette information avec véhémence.

En décembre 2008, M.Harper s'était rendu à la résidence de la gouverneure générale afin de lui demander de proroger le Parlement pour éviter que la coalition formée par le Parti libéral et le NPD et soutenue par le Bloc québécois ne renverse son gouvernement.

La rencontre avait duré tout près de deux heures, même si le gouverneur général agit sur l'avis du premier ministre et donc donne suite à ses requêtes sans poser de question. Mme Jean avait acquiescé à la demande de M. Harper.

La semaine dernière, le premier ministre a de nouveau demandé à la gouverneure générale de proroger le Parlement, mais par téléphone. Mme Jean a de nouveau acquiescé. La session du Parlement reprendra donc le 3 mars avec la lecture du discours du Trône. Le lendemain, le ministre des Finances, Jim Flaherty, présentera son budget à la Chambre des communes.

Au fil des ans, le rôle du gouverneur général est devenu symbolique, le vrai pouvoir étant exercé par le premier ministre et son gouvernement. Le principal rôle du gouverneur général est de veiller à ce que le pays ait toujours un premier ministre dont le gouvernement jouit de la confiance de la Chambre des communes.