Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, dénonce sans ménagement la décision du premier ministre Stephen Harper de proroger les travaux du Parlement.

Mais même s'il critique la «folle gestion» des affaires de l'État du gouvernement minoritaire de Stephen Harper, M. Ignatieff ne croit pas que l'heure est venue de renverser les conservateurs à la Chambre des communes afin de provoquer des élections générales au printemps.

Rencontrant les journalistes vendredi dans le foyer de la Chambre communes, le chef libéral a indiqué que ses troupes, elles, reprendront le travail comme prévu initialement le 25 janvier au lieu d'attendre la reprise des travaux parlementaires le 3 mars.

M. Ignatieff a précisé que les députés libéraux tiendront une série de consultations sur une panoplie de sujets, dont l'économie, l'environnement et la question controversée des détenus afghans, à partir du 25 janvier.

«Les Canadiens veulent que ce Parlement travaille. Nous serons ici le 25 janvier pas seulement pour une photo officielle, mais pour travailler», a dit M. Ignatieff, qui compte réunir ses troupes à Ottawa au moins jusqu'au début des Jeux olympiques de Vancouver, qui auront lieu du 12 au 28 février.

«M. Harper a fermé le Parlement à la veille du jour de l'An. Il pensait que les gens ne s'en souciaient pas. Mais il se trouve que les gens s'en préoccupent. Ils veulent que leur Parlement se mette au travail. (...) M. Harper a compté sur le cynisme des Canadiens, mais les Canadiens étaient moins cyniques que lui», a ajouté le chef libéral.

Il a affirmé que c'est la deuxième fois en 12 mois que le premier ministre met ainsi fin aux travaux du Parlement. En décembre 2008, M. Harper avait en effet demandé à la gouverneure générale Michaëlle Jean de proroger le Parlement afin d'éviter que son gouvernement minoritaire ne soit renversé par une coalition formée du Parti libéral et du NPD et soutenue par le Bloc québécois. Mme Jean avait acquiescé à la demande de M. Harper après un entretien de deux heures à Rideau Hall.

«M. Harper va toujours trop loin et les Canadiens doivent le rappeler à l'ordre. (...) À chaque fois qu'il est pris au piège, il tente de fermer les institutions qui doivent permettre de contrôler son pouvoir. C'est ce qui dérange les Canadiens», a dit M. Ignatieff.

Mais la colère de M. Ignatieff n'est pas telle qu'il serait prêt à mettre fin au règne des conservateurs à Ottawa. Selon lui, les Canadiens ne voulaient pas d'élections en 2009 et ils n'en veulent pas plus en 2010. «Il ne faut pas aller en élections chaque fois que nous avons un problème avec le gouvernement», a-t-il dit pour expliquer sa décision.

Stephen Harper a décidé le 30 décembre de proroger les travaux du Parlement afin de pouvoir livrer un nouveau discours du Trône le 3 mars et présenter un nouveau budget le 4 mars. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada jeudi, le premier ministre a indiqué qu'il voulait proroger la session parlementaire tous les ans.

Avant de reprendre le boulot à Ottawa avec ses troupes le 25 janvier, M. Ignatieff effectuera la semaine prochaine une tournée pancanadienne des principaux campus universitaires afin d'entendre le son de cloche des étudiants.

De passage à St. Stephens, au Nouveau-Brunswick, M. Harper a affirmé que son gouvernement utiliserait le délai supplémentaire avant la reprise des travaux à bon escient. M. Harper a dit qu'il allait réexaminer son plan politique en vue de la prochaine année, et en fonction d'un portrait économique qui sera très différent de la dernière année.

- Avec La Presse Canadienne