Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham, a lancé un ultimatum au gouvernement fédéral, l'intimant de couvrir les dépassements de coûts relatifs à la remise à neuf de la centrale nucléaire de Point Lepreau, faute de quoi son gouvernement intentera une poursuite contre Energie atomique du Canada limitée (EACL).

«Nous estimons avoir de solides arguments à présenter en cour si nous devons emprunter cette voie», a déclaré M. Graham en entrevue.

«Et alors que le gouvernement fédéral cherche à se départir des actifs d'EACL, une poursuite intentée par la province du Nouveau-Brunswick arriverait à un très mauvais moment pour eux», a-t-il ajouté.

La remise en état au coût de 1,4 milliard $ de la seule centrale nucléaire du Canada atlantique est menée par EACL, une société de la Couronne ayant pour mandat de fournir de la technologie et des services nucléaires à des compagnies d'électricité.

Le projet devait en principe être complété en septembre dernier. Les travaux ont cependant pris 18 mois de retard.

Le Nouveau-Brunswick, province qui doit se débrouiller avec un budget serré, paye près de 1 million $ par mois pour acheter de l'énergie de remplacement pendant que la centrale est hors service, et son ministre de l'Energie, Jack Keir, estime qu'il coûtera quelque 400 millions $ en énergie de remplacement si le projet continue d'avoir un an et demi de retard.

M. Graham estime que la situation est injuste pour le Nouveau-Brunswick. Il affirme avoir soulevé la question vendredi auprès du premier ministre fédéral Stephen Harper, qui a consenti à ce que des bureaucrates fédéraux et provinciaux se mettent à la recherche d'une solution.

«Nous voulons nous asseoir et négocier de bonne foi avec le gouvernement du Canada pour que Energie NB, et par extension la province du Nouveau-Brunswick, soit à l'abri de toute perte résultant des retards actuels ou à venir d'EACL», a-t-il dit.

Le bureau du premier ministre Harper a refusé de faire quelque commentaire que ce soit à ce sujet.

La centrale de Point Lepreau produit habituellement environ un tiers des besoins en énergie du Nouveau-Brunswick. Sa remise à neuf vise à en prolonger la durée de vie de 25 ans.

Les installations de Point Lepreau sont incluses dans le projet de vente d'Energie NB à Hydro-Québecau coût de 4,75 milliards $.

Les deux provinces espèrent finaliser la transaction d'ici à la fin du mois de mars. Il est cependant prévu que le Nouveau-Brunswick ne sera pas payé pour Point Lepreau tant que les travaux n'auront pas été complétés et que la centrale ne produira pas d'énergie.