Des milliers de personnes de toute allégeance politique ont envahi, samedi, les rues de plusieurs grandes villes canadiennes afin de demander au premier ministre Stephen Harper de rouvrir le Parlement et de retourner au travail.

A Ottawa, le leader du Parti libéral, Michael Ignatieff, s'est adressé à la foule massée sur la Colline parlementaire, tout comme le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Jack Layton, et la leader du Parti vert, Elizabeth May.

Du côté de Montréal, plusieurs centaines de manifestants ont exprimé leur mécontentement au parc Emilie-Gamelin en compagnie du chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, des députés libéraux Marc Garneau et Justin Trudeau ainsi que du chef adjoint du Parti vert, Jacques Rivard.

La manifestation de Toronto a pour sa part attiré plus de 3000 personnes qui ont pris d'assaut une partie animée de la rue Yonge afin de protester contre la suspension des travaux parlementaires.

A Edmonton, environ 250 citoyens ont bravé le froid et la neige dans un parc près d'une artère commerciale populaire pour scander leurs slogans anti-prorogation.

Une centaine de personnes ont également manifesté aux abords de l'Assemblée législative à Halifax, incluant le député libéral Geoff Regan et l'ancien chef du NPD de la Nouvelle-Ecosse Robert Chisholm.

Partout, les manifestants ont dénoncé l'atteinte grave à la démocratie que représentait la décision de Stephen Harper de proroger le Parlement jusqu'au 3 mars.

Jack Layton a profité de l'occasion pour proposer une loi qui restreindrait le pouvoir du premier ministre de suspendre les travaux de la Chambre des communes. Une fois adoptée, elle ne permettrait la prorogation que si une majorité de députés votent en faveur de cette mesure.

Pour sa part, Gilles Duceppe a soutenu que le Canada pourrait faire davantage pour la réunification des familles haïtiennes en sol canadien dont certains membres sont toujours dans le pays dévasté.

«Je pense que nous devons accélérer le processus d'immigration», a déclaré le leader bloquiste. «L'une des façons de le faire serait d'aider ces gens à obtenir des visas temporaires et de prendre ensuite une décision au lieu de les laisser là-bas où ils n'ont rien à manger et à boire. Nous pourrions discuter de cela et faire des propositions concrètes au Parlement.»

Stephen Harper a expliqué sa décision de retarder la reprise des travaux parlementaires en disant qu'il souhaitait se concentrer sur des stratégies pour l'économie.

L'opposition a accusé le premier ministre d'avoir prorogé le Parlement pour éviter de répondre aux questions entourant la torture alléguée de prisonniers afghans.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Des centaines de personnes, dont Gilles Duceppe et Thomas Mulcair, ont manifesté à Montréal contre la suspension des travaux parlementaires à Ottawa.