Le Québec n'a pas soumis suffisamment de projets d'infrastructures au gouvernement Harper dans les délais prescrits pour profiter de toute la manne qui lui avait été offerte dans le cadre du plan fédéral de relance économique.

En outre, le Québec et l'Ontario sont les deux seules provinces au pays qui rateront vraisemblablement l'échéance du 29 janvier imposée par Ottawa pour proposer et financer à parts égales des projets d'infrastructures, a appris La Presse.

Toutes les autres provinces ont expédié leurs projets à temps afin d'obtenir le maximum d'argent du gouvernement fédéral. En tout, le gouvernement Harper avait mis quatre milliards de dollars sur la table sur deux ans dans son budget de 2008 pour aider les provinces à retaper leurs infrastructures ou en construire de nouvelles tout en créant des emplois en temps de crise économique.

De cette somme, le Québec avait droit à environ 900 millions d'Ottawa, soit l'équivalent de 23 % des quatre milliards de dollars. Des sources gouvernementales ont confirmé que le Québec ratera l'échéancier du 29 janvier, mais elles ont refusé de préciser de combien d'argent le gouvernement Charest risque d'avoir à se priver.

Mais dans son dernier rapport sur l'état de santé de l'économie, déposé en décembre, le gouvernement Harper avait indiqué qu'il restait encore 400 millions de dollars à «engager» dans des projets au Québec et en Ontario principalement.

Dans ce rapport, Ottawa avertissait les provinces que l'échéancier du 29 janvier 2010 était ferme. «Tout le financement disponible pour 2010-2011 qui ne fera pas l'objet d'engagements fermes d'ici le 29 janvier 2010 sera réaffecté à d'autres initiatives ou restera inutilisé», pouvait-on lire à la page 25 du rapport.

Si le Québec semble avoir traîné les pieds, l'Ontario avait déjà averti le gouvernement fédéral il y a quelques semaines qu'il ne profiterait pas de toute la manne mise à sa disposition à cause de l'état précaire de ses finances publiques. Le gouvernement libéral de Dalton McGuinty est en effet aux prises avec un déficit record de 24 milliards de dollars en 2009-2010.

«Nous avons été avertis par le gouvernement de l'Ontario qu'il ne pourrait pas financer tous les projets», a indiqué une source gouvernementale sous le couvert de l'anonymat.

Dans le cadre de son plan de relance économique, le gouvernement Harper avait aussi créé un fonds de 500 millions de dollars pour rénover les infrastructures de loisirs comme des arénas. Encore là, le Québec ne semble pas avoir profité de toute la manne fédérale. Selon des informations obtenues par La Presse, le Québec n'a touché que 37 millions de dollars de ce fonds, n'ayant pas soumis une longue liste de projets.

Le ministre des Ressources naturelles et lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis, a indiqué que le gouvernement fédéral n'avait pas le choix d'imposer un échéancier pour éviter que des programmes ne deviennent permanents et creusent davantage le déficit fédéral, déjà considérable à 56 milliards de dollars en 2009-2010.

«La vaste majorité des provinces vont respecter l'échéance du 29 janvier. Mais au Québec, on craint que des projets ne soient pas engagés à temps. Nous avons tout de même eu une bonne collaboration jusqu'ici», a dit M. Paradis.

Pour éviter que le Québec ne soit pénalisé, M. Paradis a obtenu l'accord du premier ministre Stephen Harper et de ses collègues du cabinet pour que les sommes destinées au Québec qui n'ont pas été dépensées puissent être utilisées pour retaper les infrastructures fédérales dans la province comme des ponts, des ports, des aéroports et même des bureaux de poste.

«Au moins, ces fonds qui vont rester sur la table seront toujours dédiés au Québec. Le but est de stimuler l'économie au Québec. Il y a une liste qui est prête et des projets qui sont prêts à être lancés», a dit M. Paradis.

À Québec, Geneviève Villemure-Denis, la porte-parole de la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a indiqué que le gouvernement Charest s'empressait de soumettre d'autres projets d'ici au 29 janvier afin de respecter la date butoir d'Ottawa et d'empocher toute la manne fédérale. «Tous les dossiers seront transmis avant le 29 janvier», a assuré Mme Villemure-Denis, précisant que Québec annoncera d'autres projets sous peu.